_’’Ha, ça fait sept ans, il va peut-être être temps de renouveler les droits d’Hellraiser nan ?’’
Sur cette prise de conscience responsable, Bob Weinstein, dont le frangin est tombé en disgrâce, reprend en main la franchise, et file la somme phénoménale de 350 000 $ à Gary J. Tunnicliffe, auteur du scénario de ‘’Hellraiser : Revelations’’, et avant tout maquilleur. Il signe d’ailleurs tout seul le scénario de ce dixième, oui dixième, ‘’Hellraiser’’…
Bon, passons sur le fait que le film n’a toujours rien à raconter, reprenant le principe d’une enquête, menée par trois détectives/ Ils connaissent une descente aux Enfers, et plus ils se rapprochent du serial killer sur les traces duquel ils sont, plus ils sombrent. C’est d’une banalité confondante, et le twist final est éventé dès le premier quart. C’est une évidence assez certaine, car le film ne fait que recopier la trame de ‘’Hellraiser : Inferno’’, avec encore moins de finesse.
La nouveauté réside dans le fait que l’on voit ‘’l’autre côté’’, le jugement qui détermine si oui ou non vous allez en Enfer. Le juge, qui tape à la machine galère à s’exprimer, à cause de son maquillage, les décors se résument à des pièces vides et salles, car le film joue à fond la carte du dégueulasse. C’est gratuitement gruesome et cradingue, pour provoquer le dégoût du spectateur. À la bourre dans la mode passée du torture porn, le film tente de sortir du lot… En vain.
À des lieux de l’univers Hellraiser, pour donner une idée le labyrinthe montré dans ‘’Hellbound’’ était aseptisé, gigantesque, glacial, et il s’en dégageait une ambiance monacale collant parfaitement à la nature des Cénobites. Des moines du plaisir et de la souffrance. Un aspect très ‘’clinique’’ se dégageait de leur manière de décharner les corps dans leur monde.
Ici c’est une anti-chambre des Enfer dégueulasse, dont la palme revient à un type gras, dont le rôle est un peu incompréhensible, il vient mange le compte rendu du juge, dégustant le papier, avec une sorte d’huile. Suant, gluant, le mélange de feuille, d’huile et de salive dégouline sur son menton. Il part ensuite vomir le tout dans un évider, relié à une autre pièce par un tuyau par lequel trois femmes défigurées, portant en tout et pour tout un string, mangent le vomis… Voilà… ‘’Hellraiser’’ en 2018…
Donc il y a deux/trois scènes comme ça au début, qui ‘’choquent’’, et évaluent le niveau de connerie. Car en vrai on montre quelqu’un manger du vomi à n’importe qui, ce sera toujours dégueulasse. Ensuite c’est l’enquête inintéressante avec des acteurs mauvais, et une économie de moyen. C’est tourné dans des endroits désaffecté, des jardins, des vieilles usines… Des décors qui ne font absolument aucun sens, et n’ont aucune logique.
Merde quoi, le potentiel réflexif que propose l’univers ‘’Hellraiser’’ est absolument énorme, il est possible d’y puiser des dizaines et des dizaines d’histoires, d’élaborer des scénarios originaux, sans se répéter une seule fois… Ça c’est vrai pour ce qui concerne la littérature (livre/comics). Pour le cinéma, et désormais le direct-en-vidéo, c’est de la série Z qui trahit totalement ce qu’était la saga à l’origine. Pour proposer un spectacle médiocre et écœurant, autant par ce qui se passe à l’écran, que par ce qu’ils ont fait à la saga.
‘’Hellraiser’’ c’est une franchise décevante, qui commençait magistralement, et qui n’a fait que s’effondrer sur elle-même durant 31 ans… Il a été annoncé qu’un remake du premier film, scénarisé par David S. Goyer, était en préparation. Est-ce une bonne idée ? Si il y a un réalisateur pour porter le projet, oui, ça peut être l’occasion de repartir enfin de zéro, et de reprendre toute la mythologie développées par Clive Barker. Et pourquoi pas proposer un cycle qui explorerait tout ça. Parce que là, en 2018 la saga ressemble à une baleine échouée sur une plage, qui cherche désespérément à respirer… En saignant du cul.