Dans une société où chacun écoute la voix monocorde de son système d'exploitation nous parler de la météo ou celle essoufflée et pressante d'une inconnue aux fantasmes capillotractés, Theodore tente de tromper l'ennui en s'inventant des vies à travers les lettres qu'il écrit pour les autres. Les mots sonnent, se suivent et s'entremêlent avec passion et talent, mais dès qu'il s'agit de son propre cas, c'est la panne sèche. La page blanche, vide abyssal et vertigineux dans lequel Theodore retombe sans cesse, comme un mauvais rêve qui nous hante, il revit sa rupture inlassablement : il le sait, celle qu'il aime est partie sans qu'il puisse trouver les mots pour la retenir.
Jusqu'au jour où les notes suaves et chantantes de Scarlett Johansson viennent résonner à son oreille, son oreille sourit, Joaquin Phoenix revit. Et lorsqu'une machine tombe amoureuse d'un être humain, devrait-on vraiment se demander qui éprouve le plus de sentiments ? D'artificielle, l'intelligence devient sincère, troublante, vibrante et passionnante, tout comme l'interprétation des acteurs. Porté par un scénario juste et incisif, le duo s'épanouit en musique grâce à une bande-son aérienne qui nous donnerait presque envie de regarder nos téléphones avec... tendresse.
Et quand Theodore retrouve ses mots, c'est nos larmes qui montent, à fleur de peau.