Tout d'abord le travail sur l'esthétique est tout à fait remarquable, avec un usage intensif d'une profondeur de champ très courte qui donne de nombreux plans avec uniquement le personnage interprété par Joaquin Phoenix (ou ce qu'il regarde) net et l'arrière plan flou, comme la vision d'un myope qui se concentre sur ce qui est proche de lui / lui est proche.
Le futur qui est construit dans le film nous apparait immédiatement comme tel, sans être trop lointain et surtout sans être immédiatement anxiogène, ce sont ces petites choses comme une nouvelle mode du port de la moustache, la mode des pantalons taille haute ou encore les interactions vocales avec les systèmes informatiques (bien que pas très pratique en open space :roll:) qui caractérisent cette époque. C'est paradoxalement presque un sentiment de nostalgie qui émane de cet univers comme certains pourraient être nostalgiques des années 70.
Dans ce cadre, le sujet d'une intelligence artificielle se développant au point de voir naître des sentiments et la réaction des humains interagissant avec eux, est minutieusement développé pour ensuite explorer divers pistes d'évolutions au travers de l'histoire d'amour que vit Theodore avec son OS. L'auteur ne limite pour autant pas aux théories exposés de longue date par les futurologues (http://fr.wikipedia.org/wiki/Singularit%C3%A9_technologique) et n'hésite pas à introduire des idées audacieuses pour aller jusqu'à une belle mise en abime lors d'un final laissant les mortels que nous sommes, personnages du film et spectateurs, songeurs...
Si je ne devais soulever qu'une critique, ce serait le choix d'attribuer la voix de l'OS à Scarlett Johansson. Bien qu'elle ne fasse que prêter sa voix, très sensuelle d'ailleurs et c'est surement ainsi qu'on lui a demandé de jouer, il est indéniable que le spectateur y associe son image et là forcément, c'est plus facile de se laisser emporter dans un sentiment amoureux à son égard (si tant est que l'on soit attiré par les femmes mais c'est là un autre débat).