"Her" est l'incarnation même de TOUS les aspects les plus magnifiques du cinéma. La beauté de ces espaces si larges, si aérés, de ces paysages futuristes mais pas trop non plus, la beauté presque irréelle de la lumière, des forêts enneigées, de la plage baignée par le coucher du soleil; bref, le plaisir pur des sens. Puis, la capacité à nous toucher en plein coeur, la capacité à toucher du doigt ce qu'il y a de plus profond en nous, la solitude, l'amour fou, l'amour déchirant, la tristesse, la beauté du monde, la beauté de l'amitié.
"Her", en traitant ce sujet, a l'intelligence de ne pas en faire un danger alarmant, et de livrer une réflexion presque optimiste sur le futur, livrant même quelques moments d'humour mémorables. "Her" a aussi l'intelligence de ne pas nous imaginer, dans 200 ans, porter des vêtements de ferraille dans un monde étouffant et excessivement moderne. Car finalement, sommes-nous tellement différents de ces intelligences artificielles ? Des machines qui évoluent et qui sont depuis le début vouées à disparaître ? Au bout de l'oreillette (Scarlett Johansson, un rôle invisible absolument génial), ces "OS" sont peut-être une petite partie de nous, et, loin d'être destructeurs, sont le moyen de nous révéler à nous-mêmes, et de trouver un autre moyen de s'épanouir, loin des jugements.
Ce film incarne absolument tous nos doutes, et livre des réflexions très touchantes sur le passé et le bonheur, transmettant un message juste et simple. La superbe fin et les derniers mots de Samantha, bouleversants, nous laissent dans le même état que Theodore (un personnage vraiment magnifique, d'ailleurs) et Amy: un peu perdus et étonnamment apaisés à la fois.
Je suis bon public, et j'ai le 10 facile, je l'admets... Mais là -et c'est quand même assez rare malgré tout- je n'ai pas peur de dire que ce film est un chef-d'oeuvre.