Ah! ... l'amour au cinéma. En tout temps, on a cherché à développer ce sujet de façon plus ou moins évolué. Tout le monde connait ce sentiment d'amour, de partage avec un être cher. Pourtant, le cinéma ne le fait pas toujours avec brio. Certains réalisateurs plus inspirés que d'autres, nous pondent de réels chefs-d’œuvres. Ces films ne doivent en aucun cas jouer la carte du pathos, mais réellement chercher à impliquer son public afin que celui-ci ressente de l'empathie pour les personnages, qu'il ait ce sentiment d'avoir vécu ce genre de situation.
C'est en 99 que Spike Jonze nous arrive sur grand écran avec un film, ô combien étrange pour beaucoup de gens : Dans la peau de John Malkovich. Ce pamphlet de près de deux heures nous contait les relations amoureuses et jusqu'où sont près à aller les gens pour tenter de gagner l'amour de quelqu'un. Le film qui va nous intéresser dans cette critique n'est autre que l'accomplissement de Spike Jonze dans ce registre du drame sentimental.
L'amour du réalisateur pour son public
Dans un futur pas si éloigné que ça, l'homme vit constamment connecté à ses appareils multimédias. Théodore Twombly (incarné à l'écran par le toujours très imposant Joaquin Phoenix) travaille pour une société d'aide à l'écriture de lettres manuscrites pour les gens. Théodore est se qu'on appelle un ghostwriter pour les gens. Il excelle dans cette pratique, comme si il habitait dans la tête des gens pour lesquels il doit écrire. Peut-être tout simplement parce qu'il a déjà traversé de nombreuses situations similaires dans sa vie passé.
Pourtant, sa vie ne va pas si bien que ça. Séparé depuis près d'un an de sa femme Catherine (Rooney Mara, méconnaissable), Théodore ne parvient pas à faire le deuil de sa relation. Dans un état de dépression avancée, il rencontre au détours d'une pub, le moyen de sortir de sa misère humaine : un nouvel OS (logiciel de personnification) lui permettant de discuter et de tisser de nouveaux liens avec cet OS.
Bien évidemment, rentrer plus dans les détails de ce film reviendrait à gâcher le plaisir de découverte, c'est pourquoi cette review n’approfondira pas plus le scénario de ce film. Par contre, il est important de préciser que ce film est très en phase avec notre époque.
Tout d'abord, le fait que l'on soit constamment connecté à nos téléphones, tablets et autres ordis, montre bien que ce film est parfaitement ancré dans notre réalité.
Deuxièmement, les relations sociales évoquées dans ce film reflètent parfaitement nos vies. Elles soulignent le fait que l'on vit de plus en plus à travers des écrans et que parfois des liens forts se créés, même lorsque l'on n'a jamais rencontré la personne.
La fragilité de l'espèce humaine
La direction artistique est vraiment en parfait adéquation avec le film. C'est-à-dire que Joaquin Phoenix joue à la perfection son rôle de personne fragilisé par une relation qu'il ne parvient pas à oublier. On l'avait déjà vu faire ce genre de prouesse dans Two Lovers mais là c'est réellement saisissant. On en arrive même à vivre les émotions et avoir de l'empathie pour Théodore. Qu'en est-il de Samantha, la charmante voix de l'OS ? Scarlett Johansson apporte tellement d'humanité à cette intelligence artificielle. Elle est pourtant arrivée très tard sur le projet et sa voix n'a été enregistré qu'en post-production. Pourtant le choix parait maintenant tellement évident. Sa voix caractéristique (en VO bien évidemment) éraillée est parfaitement en rapport avec cette intelligence artificielle.
Et que dire de Chris Pratt, Amy Adams, Rooney Mara et Olivia Wilde, tous plus parfait les uns que les autres dans leurs rôles respectifs. Tous ces acteurs forment un tout cohérent pour le bien de cet univers.
La solitude, il n'y a que ça de vrai
Enfin, terminons sur la partie réalisation de Spike Jonze. À plusieurs moments du film, on a un côté personnification de l'intelligence artificielle. Ces moments où l'homme et la machine ne font plus qu'un, ont été fait de façon brillante. Les plans serrés sur Théodore dans la grande majorité du film apporte un côté intimiste entre le héros et son public, comme pour franchir un quatrième mur déjà bien fragile. Enfin, les plans larges sont tous d'une grande beauté et permettent au spectateur d'identifier une foule dense, un paysage magnifique, un recouvrement de l'humanité de ces protagonistes, voire que les personnages ne sont pas seuls au monde.
Un futur pas si hypothétique que ça ?
Pour finir, "Her" est une oeuvre parlant avec justesse des liens sociaux à travers les technologies ultra connectées. On prend un réel plaisir à suivre cette histoire, qui, du long de ces 2h apporte une profonde humanité à ces technologies. L'amour avec un grand A est parfaitement magnifié dans ce film, et on en vient à rêver de se que notre avenir nous réserve. C'est donc un film à voir pour s'interroger sur la vie que l'on mène et les dérives qu'elle peut engendrer. Un film merveilleux à revoir dans quelques années pour apprécier l'évolution de nos technologies par rapport à ce film.