On peut tolérer le massacre des contes anciens quand il donne lieu à une réinterprétation charmante à défaut de très intelligente. Mais là, vraiment, non. Peut-être suis-je particulièrement chatouilleux quand il s'agit de mythologie classique, mais je ne peux pas supporter la niaiserie sans nom qu'est devenue, passée à la moulinette des studios Disney, la légende d'Hercule.
D'un héros de tragédie tourmenté par sa belle-mère jalouse et meurtrier de ses propres enfants, on tombe à l'archétype du héros à l'américaine, baraqué, élu dès sa naissance mais devant faire ses preuves pour s'adapter dans ce monde... ou plutôt adapter ce monde à lui-même (merchandising à l'appui).
Notre petit bébé dieu (issu du mariage parfaitement légal, légitime et épanoui de Zeus et d'Héra, petit couple modèle de parents aimants bien américain) est donc déchu de sa divinité car tombé de l'Olympe (bonjour Héphaïstos) et doit la reconquérir en réalisant une série de travaux. Un oracle concernant Hadès (ah ?) et un alignement de planètes (oh ?), émis par les Moires (ou les Grées ?), sème la zizanie dans cette situation très linéaire. Mais, comment vous le dire, BORDEL, que Hadès ça n'est PAS le Diable et que les Enfers ne sont PAS l'Enfer ? Si vous voulez des mythes chrétiens, ouvrez la Bible, y'en a tout un tas, servez-vous. À quand La Passion du Christ par les studios Disney ? Non, ce serait trop voyant. En attendant, on préfère maquiller les légendes grecques avec une touche d'humour par-ci par-là. Ça éduque les enfants tout en les divertissant.
J'avais mis la belle note de un à ce film navrant, mais je viens de me souvenir des Muses et de leur gouaille très "soul". C'est d'ailleurs peut-être la seule non-erreur du film : elles sont cinq (car leur nombre n'est fixé à neuf, par convention, qu'à la période hellénistique). Pour ce seul et unique joli moment de transposition contemporaine, je mets deux.