Un lieu fixe, au cours de différentes époques, 65 millions d’années qui se déroulent sous nos yeux, la vie, sous toutes ses formes, de sa plus primitive, à la plus évoluée, la nôtre, c’est le concept de ce film, étudier ce petit bout de terre, sans jamais en dévier, ne pas aller voir au-delà que ce cadre, pas d’autre trajectoire, d’autre objectif, que de contempler par cette petite lorgnette le quotidien le plus simple et le plus naturel. Rien d’extraordinaire me direz-vous, pourtant, tout le génie de l’œuvre est là, dans la simplicité de ce cadre, qui en fait pourtant toute la complexité, parce qu’il est impensable d’imaginer qu’un lieu, qu’une maison, puisse représenter un personnage à part entière d’un récit, voire le personnage principal presque, c’est pourtant le cas ici, à tel point que l’on parvient à se rendre qu’un endroit, recèle finalement toutes les âmes qui l’ont parcouru, qui l’ont fait vivre. Du passé le plus lointain, à notre propre époque, ce sont des générations qui se sont succédées, qui ont marqué cette terre, qui ont imposé leur marque, leur mémoire, leurs drames et leurs tragédies aussi, parce que la vie est faite de tout ça, depuis la nuit des temps, que nous soyons plus évolués ou non, nous avons tous traversé les mêmes épreuves. C’est ça ce métrage, c’est l’universalité de ses sujets qui va parler à chacun de nous, ce sera sa vision de la famille, des rôles de chacun, des sacrifices que nous devons parfois tous faire par amour, mais aussi par obligation, des rêves brisés, des désillusions, mais aussi de toutes ces petites victoires, celles qui font les grandes réussites, mais surtout, c’est l’amour sous toutes ses formes, envers et contre tous. La réalisation de Robert Zemeckis m’a complètement charmée, il n’a plus rien à prouver depuis bien longtemps, pourtant, il continue à prendre des risques, à oser, la preuve ici, en ayant choisi ce cadre fixe, au cours de toutes ces lignes temporelles, c’est un travail monumental et un véritable petit bijou d’orfèvrerie. Visuellement, c’est une pépite, c’est un véritable tableau qui prend vie sous nos yeux, sans que jamais l’on ne bouge de ce lieu, c’est tout le reste qui évolue, ce petit bout de terrain qui parcourt les millions d’années, c’est des reconstitutions sublimes, des effets spéciaux innovants, bluffants, le tout, merveilleusement maîtrisé et au rendu spectaculaire. En ce qui concerne le scénario, au-delà de son originalité du début, il se révèle assez simple, mais il ne fallait pas ajouter de la complexité à l’ensemble, il fallait se concentrer sur le reste, sur les émotions, sur l’humain et en cela, c’est une réussite extraordinaire, le but est pleinement atteint, pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Ces années qui s’écoulent, ce sont des vies qui naissent, d’autres qui meurent, dans un cycle d’éternel recommencement, ce sont des familles qui se dévoilent, avec leurs failles, leurs erreurs, celles qui se transmettent, celles qui forgent ceux qui restent, c’est une succession d’histoires d’amour, de celles qui durent, de celles qui traversent les épreuves, même les plus insurmontables. Quant au casting, il est culte à lui tout seul, avec un duo Tom Hanks/Robin Wright toujours aussi charismatique, mais celui de Paul Bettany et Kelly Reilly n’est clairement pas en reste.
En bref : Un film novateur, immense prise de risque dans son concept, dans cet angle de vue fixe, ce lieu dont on ne diverge pas d’un iota, qui nous fait parcourir des millions d’années, sans que jamais notre localisation ne change, pourtant, nous voyageons aisément à travers les époques, à travers les reconstitutions, mais également à travers les mentalités, plus encore, nous découvrons que la vie est intemporelle, que ce qui en fait le sel, la surprise, la beauté, ne change réellement pas, que chacun traverse les mêmes épreuves, les mêmes joies et également les mêmes peines !
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