Toute l’histoire est racontée à partir d’une perspective spécifique.

"Here" est vraiment un film déroutant et surprenant! Pourquoi? Parce-que Zéméckis fait la part belle à l'émotion tout en développant un procédé cinématographique simple au premier abord mais diablement ingénieux et efficace. Je n'ai jamais vu ça dans d'autres films en tout cas.

Le concept du film, basé sur le roman graphique de 2014 de Richard McGuire, est de placer la caméra à un endroit précis pour illustrer tous les événements qui se sont produits à cet endroit précis au cours de l'histoire, en utilisant des images dans l'image pour passer d'un point dans le temps à un autre. Au début, c'est un terrain ouvert qui nous donne un aperçu de tout, des dinosaures en train de périr aux Amérindiens vivant leur vie jusqu'à la maison du fils éloigné de Benjamin Franklin. Au début du XXe siècle, le lieu devient le salon d'un duplex, et nous commençons à observer la vie de certains de ceux qui vivent dans ses murs. Dans les années 1910, nous voyons comment Pauline Harter (Michelle Dockery) s'inquiète constamment de la possibilité que son mari John (Gwilym Lee), qui prend des risques, périsse dans l'avion dernier cri qui semble être le seul centre d'intérêt de sa vie. Dans les années 1940, en revanche, nous observons un couple excité mais heureux (David Flynn et Ophelia Lovibond) alors qu'ils s'emploient à développer l'une des grandes créations du siècle.

Pendant environ 60 ans et la majeure partie de la durée du film , la famille Young est propriétaire de la maison. Elle a été achetée peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale par le soldat Al Young (Paul Bettany) et sa femme Rose (Kelly Reilly), qui y ont élevé trois enfants. L'un d'eux devient Richard (Tom Hanks), un jeune homme qui rêve de devenir artiste et qui tombe à l'eau lorsqu'il met enceinte sa petite amie du lycée Margaret (Robin Wright). Au fil des années, nous observons les Young dans leur vie quotidienne ( la naissance, la mort, l'amour, la dépression, l'infidélité, l'insatisfaction conjugale, le vieillissement des parents) à partir de cette seule position fixe.

Avec « Here », des souvenirs de « Forrest Gump » refont surface en moi. Lorsque les événements se développent et deviennent vraiment intéressants, des transitions incroyables vers une autre époque suggèrent que nous sommes tous connectés d’une manière ou d’une autre, comme un toit qui fuit puis qui se transforme en la perte des eaux de Margaret.

Ce concept formel et l’idée visuelle sont les principaux points d’intérêt de Zemeckis, et c'est vraiment réussi. Voir l’histoire dans son ensemble à partir d’une perspective spécifique donne des résultats incroyablement intéressants en termes cinématographiques. Après un certain temps, on se demande exactement combien de naissances, de morts, de rencontres et d’épiphanies dramatiques vont se produire exactement au même endroit où les Young ont dressé la grande table pour le dîner de Thanksgiving. Le processus informatisé de rajeunissement déployé pour faire paraître les différents acteurs plus jeunes (et éventuellement plus vieux) qu’ils ne le sont déjà est vraiment crédible et maitrisé ( plus que dans the irish man de Martin Scorsese selon moi).

Dans « Here » Robert Zémeckis se remet en question. Le voyage dans le temps est traité d'une façon différente que Retour Vers Le Futur et c'est tellement novateur! Robert Zémeckis est un génie. Pour moi c'est le meilleur film de l'année 2024.