L'art de plomber l'ambiance

C'est bien dommage.
Hérédité avait sur le papier de quoi faire peur, et sa bande-annonce était pleine de promesses. Malheureusement le film ne les a pas tenues.

L'ambiance du métrage est assez chouette dès le début, notamment avec les miniatures que confectionne l'héroïne (Toni Colette, qui n'a plus su où s'arrêter dès la moitié du film...Elle est partie loin, loin, mai toute seule, la pauvre). Les premières images donnent le ton, c'est soigné, c'est un peu glauque. Alors on attend, on attend, et on attend encore un peu pour voir ce que l'ambiance va pouvoir charrier en terme de scénario (visiblement un gros mot pour le réalisateur). Sauf que ça ne vient pas vraiment, tout comme la peur d'ailleurs. Oui tiens quelle idée saugrenue de faire un film d'épouvante qui ne fait pas peur. J'aurais pas osé. Bon je vais pas faire ma raclette, j'ai eu quelques sursauts, au moment où la musique me disait qu'il fallait sursauter, mais je n'ai pas eu cette boule d'angoisse dans le ventre qui nous dit qu'on est vraiment devant une oeuvre maîtrisée.

Hérédité avance tout un tas d'idées mais ne va jamais jusqu'au bout (pourquoi les maquettes ? quid de la relation grand-mère/mère/fille ?). En fait, l'histoire devient n'importe quoi à un quart d'heure, 20 minutes, de la fin et s'embrouille, devenant une sorte de parodie faiblarde d'une tripotée de films déjà faits sur le sujet. Grosso modo, pour parler vite et bien, le film part en sucette. Il essaye tout le long de nous surprendre (et encore une fois, il y a vraiment de bons passages, notamment avec le personnage de l'ado) et se termine en machin sur le culte d'un énième démon vilain, des fantômes, des incarnations... On s'y perd, on pane rien et au final on s'emmerde.

Hérédité est donc un "pas mauvais" film d'ambiance mais rate complètement l'aiguillage en direction d'"Habileté scénaristique City" et "Évitage-de-clichés-les-bains".

Et c'est bien dommage.