L'enfer s'infiltre parmi nous quand on le laisse faire

Critique revue en novembre 2023.

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Le film le plus flippant depuis des lustres.
On l'a comparé à «The Exorcist», peut-être un peu par sa capacité à faire peur par les tripes. Mais il y a un grand "mais". L'Exorciste montrait une lutte du Bien contre le Mal, comme on savait le faire avant. «Hérédité» ne nous montre que le Mal. Il fait partie de cette génération de films où on balance du négatif sans possibilité de rémission. Rien. Prenez le mal et souffrez, car quasiment aucun attribut positif n'en ressort. Et c'est littérallement du sadisme pour le spectateur.
«Hérédité» est un film très bien réalisé techniquement et là aussi c'est un stigmate de l'époque actuelle: tout est ultra-léché, trop. Nous avons face à nous une enveloppe lisse et maitrisée, là où il nous faudrait du brut, du crade, un visuel qui corresponde au sens: on veut faire mal.

Les acteurs sont sublimes, Toni Colette en tête (petit jeu de mot pour ceux qui l'on vu) qui est juste incroyable, comme dans tous ces rôles depuis des années. Si elle n'a pas au minimum une nomination aux Oscar, on fout le feu à Hollywood, ce qui lui rendra son vrai visage de cité de l'enfer.

A noter encore un défaut du cinéma moderne: à part une lenteur excessive et pas nécessaire du montage, lors d'une des performances de Colette, au lieu de se fixer sur elle et de verrouiller la caméra, elle tourne lentement autour d'elle. Ce qui casse l'attention sur l'actrice.

Réalisateurs: quand un/e comédien/ne produit de niveau de jeu, ne bougez pas la caméra. point.
On pourrait y trouver des similitudes avec "The Nanny" de William Friedkin (déjà réal de la perle noire "The Exorcist").
Du côté du message, on pourrait y voir une Nème attaque contre la famille, mais je crois plutôt que c'est le contraire. C'est au sein d'une famille que l'on vit le bonheur de vivre, donc c'est là que le Mal s'infiltre, car pour être le Mal, il faut pourrir ce qu'il y a de sacré. Mais pour le sentir il aurait fallu que le réalisateur nous montre le bien avant. Il démarre dès son premier plan par une musique sinistre. Où sont passés les films qui savaient nous présenter la normalité avant de nous faire glisser dans l'enfer? Aujourd'hui, malgré de durées de films de 2h et plus, ils ne prennent pas le temps de le faire. C'est dramatique, c'est contre-productif.

Le public masochiste lui savoure sa propre souffrance. Que sommes-nous devenus? Est-ce que ces films sont une attaque contre nos âmes?