Heretic
6.3
Heretic

Film de Scott Beck et Bryan Woods (2024)

Cinéma et religion : une simple question de croyance

Elevated horror : voilà bien une expression qui révulse le masqué. Parce que depuis les années 2010, elle tend à faire le tri dans le genre horreur entre le spectacle vil et l'oeuvre qui fait réfléchir parce qu'elle ne s'abaisse pas à manger pas de ce pain là. Une certaine idée prétentieuse de l'élitisme horrifique se démarquant du pan de sa sous-culture décrétée, le tout avec une pince à linge sur le nez.


Si on attachait une quelconque importance à cet Heretic, on pourrait penser, en sortant de la séance, que l'épithète elevated a franchi un nouveau palier.


Avec ses échanges surécrits sur la religion, comme les tirades d'un Tarantino, la sympathie en moins, le film prétend sans doute nous faire réfléchir et nous faire nous coucher moins bête que quand on s'est levé. C'est très louable. Et si c'est bien fait et que cela fout les jetons, Behind_the_Mask en sera très satisfait.


Le film donne d'ailleurs certains gages de l'efficacité de ce qu'il fait passer pour sa rhétorique, qu'il veut sans doute de compét'.


Mais encore faudrait-il qu' Heretic n'oublie pas en chemin le pourquoi de son existence.


Car oui, comme en matière de religion, on se laisse entraîner dans un film parce qu'on y croit, tout simplement. Or, tout le problème d' Heretic est là pour le masqué. Car il n'a tout simplement jamais cru ni en son évangile ni à ses révélations.


Ainsi, prémices laborieuses, warnings orange vif constamment allumés, ou encore un Hugh Grant oscillant sans nuances entre le sirupeux et le vénéneux sont autant de démonstrations de toute l'artificialité d'une intrigue et d'un dispositif qui met constamment au défi toute suspension d'incrédulité.


On vous parlera sans doute de labyrinthe mental pour vous chanter les louanges d' Heretic. Il faut reconnaître que, parfois, la métaphore fonctionne. Sauf que Scott Beck et Bryan Woods sont si peu sûrs du caractère retors de leur thriller qu'ils en viennent à surexpliquer les mécanismes qui l'animent, alors même que le spectateur le moins affuté aura tout compris vingt minutes avant.


C'est dire si le duo prend son public pour de véritables buses. Au point d'avoir l'impression qu'ils hissent leur oeuvre bien au dessus de son public, alors même que par instant, Heretic porte en lui sa propre parodie. Il n'y a qu'à voir Hugh Grant tentant d'imiter Jar Jar Binks dans une référence qui tombe totalement à plat pour réaliser le sentiment de gâchis qui prend à la gorge et étreint l'ensemble.


Au point de penser que tout ce qui se passe à l'écran semble vain. Ou plutôt démontre que si Heretic prétend être elevated, c'est seulement dans la manière de péter plus haut que son cul et de finalement, tripoter sa théologie pour les nuls afin d'enfoncer des portes ouvertes. Qui plus est en noyant l'ensemble, qui aurait pu être intéressant, sous des parallèles incertains, à base de fast-foods et de Monopoly, et des retournements de situation rances venus d'outre tombe.


Et on ne peut que songer à ce qu'aurait fait d'une telle thématique un Shyamalan de la grande époque, tendance Signes. Sauf qu'on se retrouve aujourd'hui, devant Heretic, avec un simple tour de magie à moitié foiré par deux gros malins qui s'acharnent, par dessus le marché, à en décortiquer chaque étape de la réalisation en vue de sa dernière ligne droite.


Religion et cinéma ? Même combat. Mais s'il est bien sûr question de croyance, il s'avère aussi nécessaire de garder une part de magie et de mystère. C'est sans doute pour cela aussi que Heretic se montre incapable de convaincre, encore moins de convertir à son culte.


Behind_the_Mask, qui a confondu la montée aux cieux et le trente-sixième dessous.

Behind_the_Mask
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le 3 déc. 2024

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Behind_the_Mask

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