Heretic est un film d'horreur psychologique et c'est un trèèèèès doux euphémisme.
Ceux qui attendent un sensationnalisme forcé et des jumpsacres à la pelle ne pourront que rester sur leur faim.
En revanche, si vous aimez les expériences uniques et édifiantes, vous allez êtres servis pour peu que vous aimiez réfléchir un peu et ne soyez pas aisément troublé par des vérités dérangeantes.
Ce film est perçu à tort par bon nombre de critiques comme une banale réflexion sur la foi, un petit exercice de théologie en somme. Mais cela va au delà du simple questionnement, du moins, sur ce plan.
Notre "méchant", campé par un Hugh Grant au sommet de sa forme est un homme à la fois impitoyable et cartésien.
Il va interroger deux jeunes disciples de "dieux" vu ici sous l'angle du mormonisme, qui ont eu le malheur de venir frapper à sa porte pour lui vendre des tracts.
Celui ci va devenir de plus en plus inquiétant notamment quand les sermons vont provenir de lui et non de la sainte parole que les deux innocentes sont venues lui vendre.
Oui, ce mec est un taré et il aime avoir raison, mais, le plus fort dans tout ça, c'est que tout ce qu'il dit est véridique et provient de sources tout à fait vérifiables !
A t-il raison dans ce qu'il dit ? Oui, incontestablement. As t-il raison de vouloir donner tort ? Là est le grand questionnement que soulève ce film !
La vie est une quête personnelle de vérité et si le constat alarmant quand on est face aux religieux convaincus (aux vrais quoi...) est qu'ils sont suffisamment incultes OU de mauvaise foi pour s'arrêter aux enseignements de leurs parents ou de leur système quand celui ci est rattaché à un dogme, on a plus qu'à se demander s'ils faut laisser les gens patauger dans leur marasme ou les éduquer.
Sans vouloir jouer les élitistes, je tiens à dire que pour moi, ce film ne fait que mettre en lumière des évidences, j'aurais même envie de dire qu'il enfonce des portes ouvertes.
Mais ça, c'est pour mon cas personnel, car (hélas) c'est sûrement le film le plus nécessaire que j'ai vu depuis ces 15 dernières années ce qui à la fois me réjouis et me désespère du paysage dans lequel j'essaye vainement d'exister. Mais c'est justement là que le film se montre subtil et malin ! comme je l'ai dis plus haut, ce n'est pas tant la théologie qui nous intéresse ici, mais de nous interroger sur la nécessité de dire la vérité dans un monde où les gens ont besoin de se rattraper à n'importe quelle branche, même la plus friable qui soit pour se sentir en sécurité.
Je déclinerais ce film d'horreur très verbeux en trois grands chapitres : l'échange (le meilleur selon moi), le défi et la révélation (peut être un peu too much).
Le premier, c'est le fameux enfonçage de portes ouvertes dont tout le monde à besoin. Il s'adresse à ceux qui préfère se cramponner à de vieilles idoles par peur de l'inconnu
Le second repose sur un système de choix qui commence selon moi à un peu trop enfoncer les portes déjà bien ouvertes en présentant son faible éventail.
Et le dernier (no spoil) en arrive à une conclusion pour les très mals comprenants qui n'était pas forcément nécessaire
Ce dernier tiers m'a un peu gonflé et m'a fait retirer un point à la note, sans laquelle il aurait eu la max ne serait ce que pour remercier symboliquement le scénariste d'avoir pris un parti aussi couillu que celui de nous taper sur l'épaule en nous disant "Éh, j'aimerais bien t'ouvrir les yeux, mais la bonne morale m'interdit de le faire sans laquelle je serais un monstre"
Pas de jumpscares, pas de frayeurs fulgurantes... Mais une angoisse, une peur tangible et constante bien à l'image de ce que vis le pauvre mec que personne ne veut écouter... Ou de deux religieuses pas bien prêtes... Faites votre choix.