Souvent vendu comme un chef-d'œuvre méconnu du cinéma australien, Breaker Morant de Bruce Beresford (qui se lancera par la suite dans une carrière américaine en dents de scie) est à la hauteur de sa réputation. Film sur la guerre plutôt que film de guerre, il appartient à cette catégorie d'œuvres capitales qui en dénoncent l'absurdité foncière avec un regard sec et implacable. Avec sa structure en flashbacks solide comme le roc qui alterne entre un procès militaire au présent et les évènements liés au passé - on est pas loin de l'effet Rashomon - Breaker Morant explore les frontières poreuses qui séparent le crime de sang froid d'actions légales dans un cadre de conflit armé. Exemplaire dans son absence de glorification de la violence, les ignobles exactions étant toujours mises en scène via de glaçants hors-champs, ce classique à redécouvrir d'urgence bénéficie également d'une interprétation de tout premier ordre et d'un humour à froid qui ne fait que renforcer son propos.