Il y a des films comme ça, qui vous inspirent instantanément sans que vous ne sachiez trop pourquoi. Des films-muses, parfois très banals mais uniques pour vous, dont vous tombez amoureux un peu comme d’une femme ou d’un homme en quelques sortes. Vous êtes irrémédiablement attiré par un plan, une image, une musique, un acteur ou une actrice, ou encore un élément de scénario, et souvent tout ça à la fois. Au-delà du film parfait, j’ai tendance à croire que c’est ce que tout cinéphile recherche un peu. En tout cas c’est ce que moi je recherche, et comme je ne crois pas en l’âme sœur il en existe forcément plusieurs.
En tout cas, ce lundi 07 septembre 2015 à 17h30 dans la salle du Morny, j’en ai trouvé un. Ca commence par un grain d’image, le charme de la pellicule fauchée abimée, un son un peu dégueulasse qui donne l’impression que les personnages crient. Le design des crédits de début font so 90’s, et me font dire que décidément c’est sans doute ma décennie préférée en matière de cinéma. Tout de suite, le film attire mon œil, donc.
Et puis soudainement, un souvenir me prend. Je ne sais pas encore trop d’où il vient. Peut-être s’agit-il de ces décors, peut-être même d’un ou deux meubles en particulier, ou de la couleur de ceux-ci, probablement obscurcie par la qualité de la pellicule. Bref, ce souvenir, c’est celui d’un lieu de vacances, auquel je ne vais plus vraiment depuis quelques temps car coïncidant avec mon début d’émancipation d’avec mes parents. C’était chez un couple d’amies de mes parents, près de la mer.
Un lieu qui aurait pu être somme toute banal si je ne m’étais pas rendu compte après la projection qu’il correspondait en fait à mon vrai berceau oublié de ma cinéphilie. C’était là que j’avais découvert pour la première fois une vraie collection de dvds qui me semblait immense à l’époque, là que j’avais vu pour la première fois Pulp Fiction et bien d’autres films. Comment avais-je pu oublier cet historique de mon amour pour le cinéma ?
Mais ce qui m’a encore plus frappé, ce qui m’a même sidéré après coup, c’est la ressemblance frappante entre Patricia Clarkson et l’une de ces amies : même orientation sexuelle bien sûr, mais aussi même morphologie, même genre de visage, même couleur de cheveux. D’ailleurs, coïncidence supplémentaire, sa copine de l’époque s’appelait Patricia. Par quelle énormité du hasard ce film avait pu me rappeler cet endroit sans même avoir encore vu Patricia Clarkson a l’écran ? Comment ne pas tomber amoureux du film après une telle évocation de souvenirs, une telle madeleine de Proust si j’ose dire ?
C'est ainsi que le temps d'une heure trente environ, je me suis retrouvé à nouveau en enfance, paradoxalement au ton adulte du film, avec toutefois une distance du présent, un sentiment mélancolique fort. N'est-ce pas ça aussi le bonheur du cinéma, l'évasion ?
Jusqu’à sa dernière seconde, High Art fût et est toujours liée à ma passion et mon désir de création. Pour son histoire belle et touchante, pour ce trio de femme extraordinaire, pour cette image crade dont je raffolait déjà avant et encore davantage aujourd’hui. Ce film m’inspire, et me donne envie de créer. Il ne m’a même pas bouleversé d’émotions pures, car il n’en a pas besoin. Il lui suffit d’exister.
J’aurais été le premier à faire une critique sur ce film, j’avoue que j’aurais un peu culpabilisé à l’idée de faire un pur 3615 my life. Mais puisqu’il y en a d’autres, si vous voulez vraiment vous faire une idée du film, je vous invite à les lire. Mais bon, je ne voyais pas d’autre moyen d’expliquer mon 9 cœur pour un film qu’objectivement j’aurais eu du mal à noter aussi haut. Mais allez-y, il vaut le coup.