Il m'a fallu un moment pour accoucher une appréciation positive ou négative de High-Rise. La réalisation de Ben Wheatley, aux plans trébuchants, semond le spectateur dans un dédale au décorum froid, savamment éclairé dans un clair obscur angoissant, où un microcosme britannique - volontairement enfermé dans une tour aux aspirations utopistes - perd peu à peu sa bienséance pour céder à une lutte de classes sur fond bacchanal.
High-Rise a beaucoup de qualités. Sa réalisation au tempo saccadé, au cadrage faux, dérangeant. Ses décors, Tom Hiddleston, impeccable, sa bande son. Sa BANDE SON bon sang. Que ce soit celle composée pour l'occasion, ou ses emprunts heureux, notamment ce fil rouge SOS d'ABBA, doublement repris. La seconde, signée Portishead et enregistrée pour l'occasion (disponible nulle part ailleurs, tristesse...), appuie remarquablement le carrousel d'images proposé.
High-Rise pêche cependant dans une longueur où le glissement vers le chaos se fait finalement assez vite. Une bonne heure de bobine digresse jusqu'à l’écœurement ce qui aurait mérité d'être plus incisif via quelques scènes clefs.
Exercice relativement ambitieux d'adaptation, Ben Wheatly échoue là où Bong Joon-Ho avait réussi avec Snowpiercer dans ce registre si particulier de la lutte des classes en vase-clos. Mais High-Rise offre quand même quelques friandises visuelles dont on aurait tort de se priver. Et cette bande son. Masterpiece.