Voilà que j’achève enfin cette fameuse trilogie High School par son troisième opus (jusqu’ici, tout est normal). Avant de parler du film en lui-même, il faut le remettre dans le contexte. Suite au grand succès du 2e opus sur Disney Channel, la chaîne décide de voir grand et de faire de cette conclusion une vraie production cinématographique, destinée à l’exploitation en salle. En résultent des moyens beaucoup plus conséquents, et cela se ressent dans le film.

Parce que oui, avec HSM 3, on sort de la catégorie téléfilmesque cheapos du Disney Channel Original Movie et on entre carrément dans celle du « vrai » film. A comprendre : il y a cette fois une vraie photo, et même un semblant de mise en scène. Oh rassurez-vous, on n’est pas chez David Fincher non plus. Mais le film se paie le luxe de rentrer dans la caste des films « pas dégueu », et est même un peu mieux réalisé que certains blockbusters récents aux proportions plus conséquentes (oui c’est toi que je regarde, Captain America 2).

Du coup, il y a un vrai semblant d’ambition, qui se ressent surtout dans les passages musicaux. Parce que oui, ça commence à avoir un peu de gueule cette affaire. Chorégraphies à grande échelles, décors dynamiques et variés, ça bouge et ça satisfait les rétines bien plus que ce que l’on pourrait penser. Même si ce n’est pas The Band Wagon non plus hein ! Le spectateur avisé se rappellera sans doute du numéro solo de Zac Efron dans HSM2, où notre bellâtre gambadait gaiement au milieu d’un parcours de golf vide. Ben comparez avec son solo du 3e volet, ça a quand même une autre gueule, y’a même des couloirs qui tournent sur eux-mêmes et tout, en mode on n’a pas peur. Et je ne parle pas des passages les plus spectaculaires, comme le déjà culte I Want It All ou le final, ou encore d’un morceau « « « metal » » » (le renfort de guillemets est nécessaire), qui fait des petites références cinématographiques du style Kill Bill, j’ai souri je l’avoue. Alors oui la musique reste un peu dégueu dans l’ensemble, mais disons que la forme aide à mieux accepter, la pilule passe, et les passages musicaux, véritables instants de souffrance où l’on comptait les secondes dans le précédent volet, deviennent ici de petits moments de réjouissance. Finalement, seuls les morceaux mettant en scène le duo amoureux provoquent l’ennui, sans chorégraphies ni scénographies excessives, juste de la guimauve bien baveuse.

En ce qui concerne l’histoire, on reste en terrain familier. Le couple le plus cheesy au monde continue à enchainer les clichés romantiques à deux balles, ici nous avons le rendez-vous intime dans la cabane dans les arbres, ou encore le beau Zac qui surprend sa dulcinée en se cachant… Dans un arbre (décidément). Et bien sûr qu’on sait comment va finir leur histoire, est-ce que Vanessa va abandonner son preux chevalier et laisser tomber la comédie musicale de l’école ? ON SE LE DEMANDE ! On retrouve aussi Sharpay qui fait un beau remake de son rôle des deux premiers films : elle est jalouse que le couple principal lui vole la vedette dans le spectacle, complote en mode fourbe pour les séparer, se rend compte à la fin qu’elle a été trop loin et redevient pote avec tout le monde. Un vent de fraîcheur donc, mais au moins elle reste à sa place et ne devient pas sur-envahissante comme dans le 2…

Tant qu’on compare avec ce malheureux deuxième volet, rajoutons qu’ici au moins il y a un minimum d’enjeux. Le film prend place durant la dernière année de lycée et met donc en scène les dilemmes de nos chers élèves, remplis de doutes quand à leur avenir. Oh, ne nous attendons pas à ce que cette thématique soit bien traitée, les conflits sont généralement illustrés par des passages musicaux bien over the top et on évite de justesse de rentrer dans une pratique qui est communément appelée le développement de personnages. Mais au moins, les intentions sont là, ce n’est pas du foutage de gueule intégral en mode « olala c’est l’été si on allait au camp de vacances ? ». D’autant plus que la longueur du film ne joue pas contre lui cette fois. Ça dure quasi 2h, mais ça passe beaucoup plus vite que le 2 !

Alors oui ça reste la même chose, les valeurs bien puritaines et conservatrices de Disney au service d’un film pour jeunes adolescentes à l’eau de rose (j’en veux pour preuve qu’on voit encore Efron torse nu, et le téton féminin il est où je vous prie ?), pas vraiment de propos et aucun personnage ne sort de son archétype. MAIS mais mais, on sent qu’il y a des moyens derrière, un petit plus un peu plus cinématographique, et un peu plus d’efforts faits à tous les niveaux. On sort du nanar gerbant mais hilarant généralement servi par Disney Channel pour se tourner vers un « vrai » film, mauvais certes, mais devant lequel j’ai pris un plaisir non dissimulé, et pas seulement parce que c’était ridicule. On glisse donc dangereusement vers le plaisir coupable, c’est un film que je reverrais sans problème, en déconnectant mon cerveau en profitant de cette soupe pas trop mal mise en forme.

Faut que je fasse gaffe quand même, je commence à un peu trop aimer leurs saloperies.
Yayap
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le 17 oct. 2014

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