"There can be only one."
On peut reprocher énormément de choses au film Highlander: d'avoir engendré les plus mauvaises suites de l'histoire de l'humanité, d'avoir permis la carrière d'Adrian Paul, d'avoir popularisé...
le 21 oct. 2010
47 j'aime
9
« Highlander » c’est un bon mauvais film. Ou alors c’est un mauvais bon film, allez savoir. Toujours est-il que l’on en apprécie certains passages sur le coup tout en en ayant incroyablement honte. Non décidément, trop de choses clochent dans le film. Est-ce à cause du bon ami préjugé qui m’accompagne à chaque visionnage d’un film de Christophe Lambert ? Soyons honnêtes… sûrement en partie. Mais pas que, et cette critique est là pour tenter de démêler mauvaise foi et vrais arguments.
« Highlander » est indéniablement un film culte, vénéré par certains comme un monument de fantasy/SF. Lorsque l’on découvre le film tardivement, sans en connaître les tenants et aboutissants, il peut être difficile de comprendre les premières dizaines de minutes. Pourquoi vogue-t-on entre deux époques ? En quoi Russel et Connor sont-ils liés ? Les rapides changements d’époques du début se sont révélés pour moi quelque peu perturbants. Mais une fois que l’intrigue se dévoile (ou est éclaircie par le résumé du programme TV), naviguer entre les deux se retrouve être étrangement plaisant. Deux films en un en quelque sorte. Si le segment contemporain lorgne plus vers du policier classique, la partie historique présente de nombreuses scènes intéressantes pour comprendre le héros : son expulsion de chez lui, ses années de bonheur retrouvées, l’irruption du surnaturel dans sa vie avec l’arrivée de Kurgan et Ramirez (Ah ce bon vieux Sean Connery. Il pourrait bien nous faire avaler n’importe quoi celui-là !). Le pire, c’est que plus la mythologie des immortels se précise, plus le film gagne en intérêt. Il y a de l’idée, il y a de quoi proposer un bon dénouement bien épique.
Sauf que.
La mort du mentor, inévitable, laisse le héros désemparé et solitaire. Traçant sa route d’années en années à travers le monde, Connor, maintenant appelé Russel, perd absolument tout son intérêt. Toutes les péripéties du dernier tiers m’ont fait décrocher. L’affrontement final est convenu et sans saveur.
Le film est un produit typique de son époque, pour le meilleur comme pour le pire. Clichés et permanentes sont balancés à la figure du spectateur. Heureusement que Kurgan porte un costume de cuir noir SM, sinon on aurait eu des difficultés à reconnaître que c’était le méchant de cette histoire. Russel Mulcahy, le réalisateur, apparemment connu pour des réalisations de clips musicaux, peut se féliciter de proposer des plans plutôt jolis, des plans laissant la part belle aux environnements écossais surtout, ainsi que leur opposé, des villes illuminées par des néons. Malheureusement, toute subtilité vole en éclat avec des transitions grossières et maladroites. Il y a ce passage magique où le visage de Christophe Lambert se fond dans une affiche de Mona Lisa placardée sur un building, et ça je ne peux définitivement pas le pardonner… Mais ce qui est le plus réussi de tout le film, c’est l’utilisation des musiques de Queen. Remarquable. La scène ayant pour thème de fond "Who wants to live forever" collerait presque la larme à l’œil (mais bon, j’ai ma fierté quand même). Il n’y a pas à dire, une bonne bande-son joue beaucoup sur l’appréciation d’une séquence.
Encore une fois, et sans surprise, la majorité des femmes de cette histoire est principalement reléguée à de bêtes histoires d’amour. Aucune n’est immortelle –dans le film en tout cas- (évidemment ce rôle est dédié aux mâles puissants), et chacune est prête à porter les beaux bébés parfaits de Cricri. Brenda, le personnage de Roxanne Hart, commence plutôt bien. C’est une femme autonome, qui travaille et qui mène sa vie comme une grande. Or, dès le moment où son regard se pose sur le ténébreux Russel Nash, tout est fichu. Mais bon dieu qu’est-ce qu’elle lui trouve à ce type qui la stalke tranquillement jusqu’au bar ? Est-il possible messieurs les scénaristes de faire des scènes de drague plus risibles et malaisantes que dans ce film ?! Heureusement, la parenthèse présentant le passé commun de Rachel et Connor dévoile une approche intéressante des liens pouvant se former entre un immortel et un humain lambda, lien d’autant plus précieux qu’il s’est fait dans des circonstances particulièrement tragiques. J’aurais aimé un développement plus important de cet axe.
Dernier point, et pas des moindres. J’ai un gros, gros problème avec Christophe Lambert, je crois que ça a été déjà suffisamment clair dans mon introduction, mais cette haine mérite bien un paragraphe entier. Cet homme n’est pas crédible, je suis désolée. Alors bien sûr, il y a le côté William Wallace du pauvre dans les parties écossaises, la crinière de lion qui vole au vent et la jupette qui dévoile juste ce qu’il faut de mollets musclés. Il y a également la barbe naissante et l’imper’ classe dans les parties contemporaines –tellement mystérieux-, sans oublier la tête de chiot mouillé pleurnichard dès qu’une contrariété se présente à lui. Et comment oublier ces séquences d’anthologie où le héros prouve à ses interlocuteurs qu’il sait tout, qu’il a toujours une longueur d’avance (l’interrogatoire des flics, le rendez-vous chez Brenda…) avec un flegme digne de James Bond. Dans ce film, Christophe rit à plusieurs reprises, beaucoup trop en fait, dans des moments où cela ne semble pas vraiment justifié. C’est un moment flottant, étrange. Un moment qui renvoie l’adversaire de Christophe à son moi-intérieur, au sens de sa vie. Qui distille la gêne dans les veines et glace le sang du spectateur… Et ça fait peur aux chiens. (si vous ne me croyez pas, je vous invite –à vos risques et périls- à consulter la vidéo d’une heure continue de rire de Christophe Lambert).
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