En 1999,Connor MacLeod participe à la conception et à l'installation d'un bouclier thermique isolant la Terre du Soleil,ce qui est hautement méritoire car ce garçon a au départ une formation de paysan dans les Highlands écossais du 16e Siècle.Il faut dire qu'en quatre siècles il a eu le temps de faire quelques études,car le mec appartient à la race des Immortels.Mais 25 ans plus tard il a le seum car il a fini par s'apercevoir de ce que n'importe qui de sensé aurait vu tout de suite,à savoir que cette histoire de bouclier était complètement naze.Depuis qu'il n'y a plus de soleil il n'y a plus de lumière,les gens vivent à la lueur électrique,la chaleur condense,l'humidité envahit et pourrit la planète,les cultures périclitent,la population s'appauvrit et la criminalité explose.Mais que voulez-vous ça partait d'un bon sentiment,c'était parce que la fameuse couche d'ozone menaçait de disparaître et que l'astre solaire risquait de cramer la Terre.Eh oui,les écolos étaient déjà très cons et alarmistes dans les années 90.Donc l'écossais regrette et accepte d'aider la charmante meneuse d'un groupe d'activistes anti-bouclier à détruire le dispositif malgré la société de vilains affairistes qui se goinfre en exploitant l'appareil.Ce qui se complique par l'arrivée d'un terrifiant extra-terrestre qui veut se faire MacLeod avec qui il a un vieux compte à régler.Cinq ans quand même après le génial "Highlander",les producteurs Peter Davis et William Panzer ont absolument tenu à doubler la mise en dépit de problèmes scénaristiques à peu près insolubles.L'appât du gain a aussi convaincu le réalisateur Russell Mulcahy de rempiler,ainsi que les acteurs Christophe Lambert et Sean Connery,mais personne n'était très motivé et ça se voit.Le plus embêté a été le scénariste Peter Bellwood,déjà présent sur "Highlander",qui a dû composer avec la quadrature du cercle,ce qui a logiquement abouti à un script insane complètement pété.Du coup l'origine de MacLeod et de Ramirez est déplacée en des temps antérieurs à celle du premier film,et en un lieu différent puisqu'ils seraient en réalité des extra-terrestres bannis d'une lointaine planète après y avoir tenté et raté une révolution.Donc la rencontre des deux hommes en Ecosse dans la version 86 se trouve invalidée puisqu'ils étaient censés déjà se connaître.Autre gros bug,la présence de Ramirez,qui est mort de chez mort,tête coupée et tout,dans "Highlander",et qui ne peut par conséquent pas être là quelques siècles plus tard.Bellwood se voit dès lors obligé de bricoler,d'accommoder les restes et de dénaturer l'oeuvre originale pour pouvoir développer cette suite acrobatique qui de fait tourne immédiatement au nanar WTF.Il essaie désespérément de coller des rustines et de faire diversion avec des éléments piqués dans les succès SF eighties genre "Terminator","Retour vers le futur","Blade Runner" ou "Star Wars" en introduisant au fil du récit un massacreur tombé du ciel qui défonce tout sur Terre,des skates volants ou des combats au sabre qui provoquent des éclairs,le tout porté par un visuel hydro-nocturne.C'est un bordel total,avec une narration bâclée en permanence,des personnages irrationnels,des combats au ralenti aux chorégraphies poussives avec des épées en plastique,des effets spéciaux ridicules à la mode SF italienne seventies et des comédiens en plein potage,entre un Lambert hébété,un Connery désinvolte et une Virginia Madsen bien jolie mais grave à la rue.Les raccourcis abondent et l'intrigue progresse de manière aléatoire,avec une héroïne qui tombe dans les bras de MacLeod quelques minutes après l'avoir rencontré et quelques secondes après avoir découvert son immortalité,qui ne l'étonne pas plus que ça,des lieux ultra-secrets bien peu protégés et surveillés par des méchants très endormis,un vieil ennemi alien qui déboule brutalement au bout de cinq siècles sans qu'il y ait de raison particulière à ça,des rixes et des explosions aux conséquences peu claires et une conclusion abrupte qui sent les mecs pressés de se rendre au pot de fin de tournage.Cependant,certains trucs fonctionnent,notamment les décors,dans l'ensemble assez recherchés et mis en valeur par la belle photo de Phil Meheux ,qui dans la grande tradition eighties travaille efficacement les contrastes entre lumière et obscurité,puisque le film,avec ce satané bouclier,se passe essentiellement de nuit,et agrémente le tout de filtres de couleurs et de traits luminescents ou de fumigènes.Bien également la prestation de Michael Ironside,un des meilleurs affreux du cinéma mondial,qui produit un savant mélange de brutalité et d'ironie carnassière dans le rôle de Katana,et Mulcahy réussit accessoirement quelques jolis plans.Le film fut fraîchement accueilli à sa sortie,ce qui est compréhensible étant donné la déception qu'il provoque par rapport au volet précédent,et il entraîna même un clash sévère entre les deux grandes revues ciné de l'époque,car il avait aussi quelques défenseurs.Jean-Jacques Bernard l'avait démoli dans une critique assassine publiée dans Première et Marc Esposito,le futur réalisateur des "Coeur des hommes" alors rédacteur en chef de Studio Magazine,l'avait violemment repris de volée,ce qui aboutit à une réponse cinglante et bien vue de JJB commençant par "Marc Esposito me donne des leçons de critique dans l'élégant dossier de presse qui lui sert de journal".Ceci dit,il y aura d'autres suites,et une série télé,qui se révèleront encore pires.