Certains polars valent plus par leur atmosphère et l’ambiguïté de ses personnages que par le suspense, voire la vraisemblance, de leur scénario. C'est au cœur d'Israël, dans une petite ville sans attrait, que Maya Dreifuss a situé son histoire, autour de la disparition d'une femme, veuve d'un soldat mort au combat. Le récit trouvera son dénouement, comme il se doit, mais la réalisatrice, dans ce récit à mèche longue (trop penseront sans doute certains), s'intéresse avant tout à Daphna, son héroïne, flic déclassée, moitié rebelle, moitié nonchalante, qui ressemble à une version féminine de policiers bien connus de la littérature, que ce soit chez Arnaldur Indridason ou Michael Connelly. Un personnage assez mal embouché qui se heurte à la toute puissance d'une famille, au patriarcat dominant et à la corruption locale. La mise en scène, sans faire grimper au rideau, est très précise et le scénario, tout en respectant les règles du genre policier, s'échappe assez souvent dans ce qui paraissent être des digressions mais qui contribuent au climat poisseux qui règne dans ce bled sans caractère. L'empêcheuse de tourner en rond est jouée par l'étonnante Tali Sharon, parfaite dans une rôle qui offre une vision de la féminité assez éloignée des canons du genre. Un excellent film si l'on est patient et sensible à son humour (mais oui !) et à son intelligence descriptive.