En plein océan , un équipage danois, s’apprête à rentrer à bon port, avant de croiser la route de pirates somaliens.
A travers un schéma très simple, à savoir l’alternance des points de vues du PDG, à des milliers de kilomètres de là, et du cuisinier du bateau, au cœur de la prise d’otage, la réalisation de Lindholm nous prend aux tripes dès les premières secondes, jusqu’à la dernière image.
Scène d’exposition minimaliste, narration très sèche, Highjacking ne s’encombre pas non plus d’un quelconque contexte géopolitique, ni de la moindre séquence d’action (la prise du bateau ne nous est même pas exposée). Non, ce qui nous intéresse ici, ce sont les conséquences sur chaque implication humaine, complexe et contradictoire. L’étude des comportement y est remarquable, car aucun parti pris ni manichéisme ne viendra influencer le spectateur. Que ce soit le cuistot ou le PDG, en passant par les négociateurs, chacun tentera de préserver l’intérêt commun, tout en essayant de sauver sa propre peau. Cela va du cuisinier, poussé constamment à bout pour revoir ses proches, au PDG tiraillé entre les familles et sa carrière, ainsi qu’un négociateur Somalien au rôle ambigu.
Très documenté, renforcé par une interprétation authentique, le film nous entraîne progressivement dans la détresse psychologique des otages, à coup de négociations de plus en plus tendues. Où comment transformer la moindre communication téléphonique en véritable épreuve pour moi ; j’ai serré les dents plus d’une fois face à la dureté de certaines situations. Le contraste entre le drame qui se déroule en pleine mer, et la cellule de crise dans l’entreprise, est saisissant. Avec une batterie d’experts entourant le patron, on aura l’impression d’être devant une négociation commerciale, qui ne se résume qu’à de simples marchandises. Bien évidemment, les implications émotionnelles finiront là aussi par abimer leurs intervenants.
Un vrai coup de cœur dans cet été assez morose dans les salles, pour un film qui marque durablement. Mais surtout, qui met un visage, un nom, une humanité à ces situations presque banalisées en fin de JT ou noyée sous nos flux d’informations.