Hong Sang-Soo est tout simplement en train de relever haut la main son défi: se lancer dans des tournages minimalistes, au budget quasi-inexistant, à travers une écriture du script au jour le jour, le matin de chaque jour de tournage. L'histoire de ce Hill of Freedom se prête bien au défi: c'est une femme qui découvre une série de lettres qui lui sont adressées mais qu'elle ne pourra lire que dans le désordre. Elle doit donc recoller les morceaux et reconstruire ce puzzle que lui a laissé un ancien amant. La structure film découle de cette déconstruction temporelle: l'ordre chronologique n'existe plus, au spectateur de tout recoller..Ou pas. Hong Sangsoo met en lumière ce qui apparait comme un de ses thèmes favoris: la relativité du temps. Ou plutôt l'absurdité de notre propre notion de temps. Sa linéarité est-elle nécessaire au sens de notre vie? L'instant n'est-il pas plus essentiel que le temps, dans notre quête du bonheur? La question est très joliment posée à travers ce film expérimental, qui accouche de moments poétiques, cocasses parfois (avec quelques piques bien senties au clichés culturels), bluffants de réalisme souvent (Ryo Kase est magistral).
Un film au propos universel, peut-être un peu trop profondément enterré sous la surface narrative, mais toujours aussi juste et puissant.