Le serment au cœur
"Hippocrate" est tout sauf hypocrite. Plongée authentique dans le milieu hospitalier. Thomas Lilti livre le portrait charmant d'une équipe soignante. Le film a une grande part autobiographique, ce qui en fait en œuvre très personnelle. Le travail de réalisme est extrêmement réussi, grâce à des acteurs brillants, un scénario soigné et une mise en scène parfaitement sobre. De là les émotions font progressivement effet. Du baume mais aussi un serment au cœur.
La pléiade de personnages ouvre large le champ des positions, et des points de vue par conséquent. Du papa chef de service au fils interne il y a patients, familles, infirmières, directeurs et autres collègues. Une équipe qui nous plonge dans son quotidien avec subtilité. Chaque mots et chaque faits ont leur répercutions. Rien n'est laissé au hasard, tout est calculé, sans que ce soit téléphoné ou exagéré. Les récits se lient et évoluent dans une cohérence remarquable. Comme les « tâches propres » sur les blouses, tous les détails sont bien incrustés au récit. Précisément cette cocasserie vestimentaire image un propos, très pessimiste au demeurant.
Deux patients imagent complètement le malaise immense dans lequel se trouve le monde médical. D'éternels débats et accidents déplorables qui sont universels, et pourtant à travers des cas très singuliers ici.
Tout les rôles sont incarnés avec une grande justesse. Casting excellent qui s'inscrit dans la simplicité du film. Vincent Lacoste apporte toute sa nonchalance et son arrogance à ce jeune médecin malgré tout complètement paumé et débordé. Il est toujours à naviguer entre fausse indifférence et vrais tourments. Chaque rôles secondaires alimentent le scénario accompli d'"Hippocrate". Tous se font leur place dans ce film presque collégial. Jacques Gamblin fait encore le job, Félix Moati continue de se révéler. Carole Franck (vue dans Polisse), Philippe Rebbot (Mariage à Mendoza) et Marianne Denicourt (Dr Denormandy) sont épatants. Trois acteurs sous exploités. Et Reda Kateb n'en finit plus de surprendre. Performance inattendue tant Abdel n'est pas comparable aux précédents personnages de l'acteur.
Comme le film, il est simple et très humain.