Benjamin, 23 ans (Vincent Lacoste) effectue son premier jour d'internat dans le service de médecine interne de son père, le professeur Barois (Jacques Gamblin). Il a tout à découvrir et commence son apprentissage piloté par un autre interne plus âgé et plus aguerri, d’origine algérienne, Abdel (Reda Katleb). Une nuit qu'il est de garde, Benjamin est appelé au chevet de Lemoine, un alcoolique, qui se plaint d'une forte douleur. Faute d'équipement en état de marche, Benjamin se contente de lui administrer un antalgique. Le lendemain, Lemoine est mort.
Thomas Lilti, médecin de formation, s’est inspiré de son expérience d’interne pour faire un constat alarmant de l’état de la médecine en France : personnel surmené, manque de moyens (y compris matériels ou même techniques), non communication entre services, tout cela donne une image lamentable, mais réaliste, de l’état des hôpitaux dans notre pays. Tous ceux qui ont eu, dans ces dernières années, à être confrontés à une hospitalisation pour eux-mêmes ou pour un de leurs proches peuvent hélas témoigner que sa description des faits n’est pas exagérée.
S’ajoute à cette description peu brillante un cas précis, celui d’une patiente âgée atteinte d’un cancer en phase terminale qui, bien qu’elle ait manifesté son souhait de ne pas être prolongée et redoute l’acharnement thérapeutique, a omis de laisser ses instructions par écrit. Or, depuis la loi dite Leonetti, qui était censée améliorer la prise en compte de la décision des patients en fin de vie, les choses se sont encore plus compliquées et un patient qui n’a pas rempli ses directives anticipées peut se retrouver dans la situation décrite dans le film : alors qu’elle a fait part aux internes de sa décision de vouloir mourir, le service ne tient pas compte de sa décision après qu’elle a été malencontreusement réanimée après un arrêt cardiaque. Ne pouvant supporter ses souffrances et ce qu’il considère comme une trahison de la volonté de la patiente et en accord avec sa famille, Benjamin la débranche. Cet acte volontaire est considéré comme un assassinat par ses supérieurs, Abdel et lui passent devant une commission de discipline où ils menacent d’être tous les deux radiés, sanction qui touchera davantage Abdel (médecin « arabe ») que Benjamin, fils de patron. C’en est trop pour cet idéaliste qui tente de se suicider.
Beaux portraits de jeunes médecins sincères confrontés à un système devenu fou où les indéniables progrès de la médecine sont mis à mal par une politique absurde où la gestion comptable à court terme prime sur le respect de l'humain.