L'amour qui ne se connaît pas encore se tait et tue la beauté de son nid. Le décor ne devient plus que les 2 antagonistes qui crée la souffrance par le désir d'oublier aussitôt. Ne plus se présenter mais être au passé de l'une et de l'un. La souffrance de la guerre devient le visage des amours que l'on veut impossible, et dont elle et il ne retiendront que des noms de villes auxquelles il ne faudra plus penser, mais se laisser hanter.
Ce film reste à l'image d'une filmographie d'Alain Resnais, des protagonistes qui repensent incessamment une situation, qui aboutit - bien que différemment à chaque fois - aux mêmes termes.
Mais celui-ci me fut pénible à suivre jusqu'au bout, le dilemme qui restera irrésolu, laisse ici la douleur à revivre et le désir d'oublier l'être perdu devenir un refus d'aimer et un abandon de la saveur. Au fur et à mesure des scènes, les dialogues me paraissait tromper plutôt que préciser le mystère de l'errance des personnages, trahissant l'effluve des silences et séparations puis des regards qui se reconnaissent de nouveau.
J'ai tout de même beaucoup aimé la poésie des premières séquences, quand les échanges encore innocents de deux corps qui viennent de s'aimer une première nuit, se refuse de se connaître. Des dialogues lues de l'une à l'autre, sur les plans d'Hiroshima, le désastre : les victimes et les ruines puis la ville qui se reconstruit...
Faudrait-il donc oublier le désastre ? Sans doute sa mémoire vit bien assez de sa ruine qui subsiste et d'où l'on peut s'élever de nouveau...
Alors que penser de ce film... Je le reverrais si je ne l'avais pas vu jusqu'au bout, alors je l'ai fini. J'ai vu la douleur du désir de rendre l'avenir inaccessible, de croire au présent comme incidence du passé.