Ce qui est amusant en voyant ce film, c'est qu'on peut penser à cette merveille nippone qui s'appelle La femme des sables, où le point commun serait des amours contrariés avec du sable aux alentours. Mais pour parler plus précisant de sa place dans l’œuvre de Seijun Suzuki, il se situe dans une tendance plus classique, moins formaliste comme La marque du tueur. Il y a quelque chose plus classique dans cette histoire de prostituée qui va rejoindre l'armée japonaise en Mandchourie dans les années 1930, où la guerre fait rage contre la Chine. Elle est emmenée dans un convoi avec 12 autres femmes, dans le but de satisfaire pas moins de 1000 soldats !
Elle va vivre deux histoires très différentes avec un officier assez brutal et un jeune soldat qui se veut plus idéaliste.


Il faut que plastiquement, le film est de toute beauté, avec une utilisation très forte du Cinemascope, laissant voir ces paysages ensablés à perte de vue, et une lumière qui parait par moments presque aveuglante.
Quant aux acteurs, l'attention est bien sûr portée sur Harumi, interprétée par cette actrice sublime qu'est Yumiko Nogawa, qui tournera d'ailleurs plusieurs fois avec Suzuki, où elle se donne littéralement corps et âme pour cette femme que l'on sent déchirée de l'intérieur de faire d'une part ce métier, puis de vivre une passion forte entre deux hommes très différents.
Ce déchirement sera d'ailleurs représenté littéralement à l'écran, avec un effet qu'on ne retrouvera que bien plus tard chez John Carpenter, dans L'antre de la folie.


Si cette première partie représente plus le drame, la seconde concerne la guerre, et là encore, la mise en scène est étonnante, avec ces travellings dans les tranchées qui rappellent forcément Stanley Kubrick, mais aussi les tirs ennemis qui ressemblent à des lasers.
Mais il se dégage du film une grande tristesse, à la fois de cette femme, et de la guerre dont personne ne sort indemne.

Boubakar
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le 3 févr. 2018

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