Seijun Suzuki, nous invite à travers ce film, au beau milieu du conflit sino-japonais des années 30, à découvrir une romance interdite entre une prostituée et un soldat de l’armée impérial.
Plus qu’un simple film romantique, et encore plus qu’un film à l’eau de rose, c’est avant tout un film d’auteur ambitieux que nous propose le cinéaste japonais. Habituellement, ce dernier nous propose des films de yakuzas intenses, mais ici, il décide de nous séduire avec un film au message pacifique.
Sexe et violence, demeurent les principaux ingrédients des films à succès de Suzuki, ici, ils sont toujours de mise, et totalement assumés.
Le cinéaste se permet à travers cette œuvre, d’égratigner l’image parfaite de l’armée impériale, se servant de jeunes et héroïques prostituées japonaises. Une écorchure qu’il appliquera avec une certaine retenu, étant donné qu’en réalité, les femmes qui apportaient le réconfort sexuel aux soldats japonais en temps de guerre, étaient plutôt des jeunes femmes chinoises, faites prisonnières et torturées pendant l’invasion. D’ailleurs, Suzuki, propose seulement des scènes de guerre qui ne nous montrent jamais aucun massacre, ne faisant pas d'une victime, le peuple chinois.
Toutefois, l’armée impériale, voit ses valeurs remises en question, et son fanatisme clairement mis en avant.
C’est un énième film stylisé et engagé, c’est aussi un film anti-militariste et anti-patriotique, qui place une fois de plus, la femme au cœur d’une vie hystérique.
Tourné en noir et blanc et porté brillamment par la comédienne Yumiko Nogawa ("La Barrière de la Chair"), le film est parsemé d’érotisme et de violence, d’antipathie et de terreur, et s’achève avec un final radical, et une puissance dramaturge dont les Japonais raffolent.