Le détective James McLeod est un policier zélé. Il croit en son métier et en la Justice. Toutefois, plus forte encore que ce credo est sa haine d'un certain Dr Schneider (George MacReady, l'imbuvable général Mireau des Sentiers de la gloire), qu'il qualifie de "boucher". Une détestation telle que McLeod paraît capable d'agir hors des clous de cette Loi qu'il semble pourtant révérer < au point que l'avocat du médecin craint pour l'intégrité physique de son client >.
Existe-t-il une raison particulière à cette animosité de McLeod envers Schneider ?
C'est la question lancinante qui sert de trame à cette Detective Story sur laquelle se greffent des histoires secondaires, l'ensemble se déroulant dans un lieu unique : un commissariat new-yorkais, véritable ruche où se croisent des personnages hauts en couleurs (aussi bien policiers qu'administrés) qui mettent au jour le quotidien d'un poste de police.
Water's coming through the ceiling ? That's a civil action, lady. Call a lawyer.
Afin d'éviter l'écueil de la répétition et de l'ennui que peuvent procurer le confinement, l'agitation et l'accumulation, il fallait la maestria d'un William Wyler (Rue sans issue, Les Hauts de Hurlevent, Les Plus belles années de notre vie, Vacances romaines...), l'excellence de ses acteurs < hormis le grand Kirk, on appréciera la très émouvante Eleanor Parker > et l'éclat des dialogues.
Because I'd give my soul to take out my brain... hold it under the faucet and wash away... the dirty pictures you put there today.
Dans ce puissant huis-clos tragicomique, les réparties fusent, drôles, pleines d'esprit, puis se font plus graves, plus sombres (mais tout aussi bien dites) avec la progression du récit et le dévoilement de l'intrigue.
On n'échappe toutefois pas totalement à la théâtralité,
( la scène où Mc Leod cogne Schneider, puis la mort du policier à la fin du film )
et à la gesticulation. Wyler voulait en effet éviter le statisme inhérent au script original (une pièce de Broadway) et cette volonté, cet artifice, se ressent malheureusement un peu :
"Detective Story, que j'ai filmé en 1951, se déroulait à l'origine dans seulement quelques pièces d'un commissariat de police de New York. J'ai étendu l'action à un bâtiment de deux étages, du sous-sol au toit. Le va-et-vient constant entre ces différents espaces donnait l'illusion d'un grand mouvement, tout en conservant la construction serrée de la pièce de théâtre." [je traduis]
Reste que l'on suit avec beaucoup d'engouement l'exécution du portrait psychologique d'un homme qui n'est pas forcément le probe et lucide gaillard qu'il croit (ou voudrait) être.
Kirk Douglas y est flamboyant, à tel point que le film se passe intégralement de cette musique dont on avait tendance à abuser à l'époque pour souligner l'intensité dramatique (ou comique).
Le film fut un succès critique et populaire.
Source : Exiles in Hollywood - Major European Film Directors in America (Gene D. Phillips, 1998)