Shizuo, un jeune employé de banque, sur le point de se marier, apprend que sa mère a une relation avec son beau-père.
C'est avec ce film que s'ouvre le second volet de l'œuvre de Yoshida, celui avec Mariko Okada, son épouse, qu'il filmera dans chacun de ses films suivants.
Dans la continuité de ce qui constituait le cœur de ses films précédents, la femme et l'homme y tiennent la place centrale. Sauf qu'ici il élague tout ce qui a autour, évince tout contexte extérieur, social, politique, économique, et réduit son intrigue à la seule psychologie émanant de la relation entre les deux. A la manière d'un Bergman par exemple.
Histoire écrite sur l'eau est construit sur une narration alternant deux temporalités, le présent à savoir la relation pré et post conjugale entre Shizuo et Yumico, et l'enfance de Shizuo durant la guerre. Ces images flash back qu'il se remémore évoque la pneumonie de son père, mort alors qu'il est encore très jeune, et la relation qu'entretien alors sa mère avec son futur beau-père, le riche politicien Hashimoto.
Dire que la situation du Japon est évacuée dans ce film n'est pas tout à fait exact. Il persiste une opposition qui est incarnée et matérialisée par les corps masculins et féminins en général. Comme c'était le cas dans la source thermale d'Akitsu. Il s'agit de l'opposition entre une certaine forme de modernité qui sait toutefois préserver le respect des traditions, incarné par la femme, et une vision plus terne, archaïque, dépassée et un peu mortifère incarné par l'homme. Pour le dire grossièrement chez Yoshida, le monde évolue avec la femme, l'homme a du mal à suivre.
Cette montée en puissance de la femme, sa vision moderne du monde, sera développée plus finement dans ses films suivants, notamment le sublime et Antonionien Lac des femmes.
Il y a dans Histoire écrite sur l'eau un trouble qui se diffuse petit à petit, flottant et dérangeant mais qui n'est jamais réellement montré ni évoqué. Cependant l'idée d'inceste est bien là et elle se promène entre les membres de ce quatuor fils/mère/femme/beau-père. Celle envisageable entre un homme et sa possible sœur, et l'autre dans la relation passionnelle qu'entretien Shizuo et sa mère. Yoshida a cependant la subtilité de ne pas appuyer là-dessus, se contentant de laisser planer des doutes. Accentué par la dualité marquée de son noir et blanc, il traite davantage de l'évolution des valeurs familiales et conjugales au lendemain de la guerre, en observant comme la femme et l'homme se reconstruise. Il est intéressant d'observer les notions du couple et de la famille complètement opposées chez Yoshida et chez Ozu.
Formellement c'est d'une beauté à couper le souffle, les notions de décors, cadre, durée de plan étant intrinsèquement lié à la psychologie des personnages. Sans toutefois rendre le cadre étouffant et mort. Je ne suis pas encore totalement sous le charme, ça sera le cas avec le film suivant, mais j'aime beaucoup.
Teklow13
8
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le 13 févr. 2012

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Teklow13

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