Hit the Road, le premier long-métrage de Panah Panahi (fils de Jafar) n'a recueilli que des éloges lors de sa présentation cannoise. A t-on cependant le droit d'être plus circonspect et de trouver que ce road-movie, qui se déroule en grande partie dans l'habitacle d'une voiture, n'est pas des plus palpitants. Les paysages iraniens sont magnifiques, certes, mais cela ne suffit pas à notre envie de découvrir un récit qui ne ménage qu'un temps son suspense quant à la destination finale des voyageurs et les raisons profondes de ce périple. Tout n'est pas dévoilé, cependant, mais qu'importe, il y a bien de la fuite dans les idées au sein de cette petite famille composée d'un père à la jambe plâtrée, de son épouse qui passe dans cesse du rire aux larmes, du fils aîné taiseux et de son cadet, gosse agité et insupportable. Le film cherche par tous les moyens à s'affranchir d'un certain sentimentalisme en usant et abusant de dialogues extravagants qui semblent parfois tellement surréalistes que l'on se prend à douter de l'exactitude des sous-titres. Un certain nombre de scènes ne semblent pas avoir de résonance particulière et s'étirent sans fin, avec des personnages confinés dans une attitude définie d'emblée. L'on comprend toutefois bien où le film veut en venir, à travers ses non-dits et ses échanges qui servent à montrer l'absurdité du régime en place, en Iran. Après, tout est question de sensibilité, sans doute, pour juger de l'humour de Hit the Road, qui ne passe pas nécessairement la barrière de la langue.