Lui, c'est un agent de protection. Au fond du trou. Un bodyguard.
L'autre, c'est un tueur à gage un peu cool. Un assassin. Un hitman.
Ils ne peuvent pas se voir en peinture et se sont déjà sautés à la gorge. Mais ils vont devoir former un improbable duo et agir de concert afin de faire tomber un tyran présenté devant le tribunal européen.
Le canevas de Hitman & Bodyguard est d'un classique tout ce qu'il y a de routinier et de mille fois vu ailleurs. Parfois en forme de chef d'oeuvre ou, du moins, très agréable, sous la plume ou la caméra d'un gars comme Shane Black. Il est mince et peu propice à une réinvention du genre. Pile ce qu'il fallait à un expendable comme Patrick Hughes, qui a déjà tâté du film d'action.
J'attendais du cool, du fun, du spectacle, du gunfight, de la voiture qui se retourne. Allez, j'avoue que j'étais un peu fou et que j'attendais même tout cela à la fois, sans pour autant espérer un grand film. On peut dire que mes attentes ont été comblées. En partie.
Car l'action est au rendez-vous, c'est une certitude. et plutôt bien emballée. Assez spectaculaire parfois. Tandis qu'un gunfight en forme d'embuscade électrise instantanément, des courses poursuites en terre néerlandaises réussissent quant à elles à mettre le feu et à enthousiasmer, le temps de penser, pendant quelques minutes, que Hitman & Bodyguard pourrait se hisser très haut dans le top estival de 2017. D'autant plus que Samuel est toujours aussi cabotin et cool, prenant visiblement un malin plaisir à incarner son personnage. Ryan, lui, est un peu moins. S'il lance quelques punchlines assez piquantes, il porte le personnage le moins sympathique, celui qui se plaint tout le temps et se lamente avant de sortir les guns et d'arroser généreusement.
Là réside le plus gros problème du film de Patrick Hughes. Car si son action vaut à elle seule le prix de la place et restera en mémoire par certains de ses aspects les plus débridés, Hitman & Bodyguard peine à tenir la distance à cause de personnages assez minces et très peu charismatiques, qui ne sont nourris que par quelques flashbacks qui, portant, pris isolément, fonctionnent pourtant du tonnerre.
Et quand le scénariste essaie de leur faire prendre un peu plus de corps, la tentative se transforme en véritable ventre mou qui déborde sur tout le deuxième tiers du film, déstabilisant considérablement Hitman & Bodyguard dont le début était prometteur, tandis que le climax libère enfin les chevaux dans une frénésie qui frôle le trop plein. Et encore pire quand il s'agit d'illustrer les déboires sentimentaux du duo, assez dérisoires au final et aussi utiles qu'une capote dans un couvent.
Ce rythme aléatoire déçoit, comme le délire tout de même assez relatif des personnages qui ne semblent, en cette matière, ne jamais totalement lâcher le frein à main. L'humour devient ainsi d'une timidité assez déceptive, l'oeuvre restant assez timorée au lieu d'embrasser pleinement le délire que le scénario nécessitait.
Il n'y aura ici que la toujours caliente Salma Hayek, qui jure comme un charretier, pour assurer le quota délirant de Hitman & Bodyguard, faute de personnages totalement over the top qui auraient pu lorgner du côté du formidable Mi$e à Prix de Joe Carnahan, ou de vouloir assumer ses excès, comme dans le très sympa Shoot'em Up : Que la Partie Commence.
Hitman & Bodyguard ne pourra donc que s'inscrire dans le genre moyen plus sympa, à défaut de mieux, même s'il laisse un bon souvenir dans le registre spectacle pétaradant qu'il illustre, ainsi que pour quelques facéties cool de Samuel L. Jackson dans un rôle désormais ultra classique et sans surprise pour lui.
L'été 2017 s'achèvera donc, peut être pas en demi-teinte, mais en tout cas sur un léger goût de trop peu..
Damned...
Behind_the_Mask, qui peine à comprendre le concept de sémantique.