Hiver à Sokcho aurait pu seulement s'envisager comme une divagation dans une ville portuaire sud-coréenne en pleine mutation, partagée entre une assistante d'une pension de famille et un artiste en pleine recherche de l'inspiration.
Elle aurait presque pu s'envisager sans parole. Illustrée de ses seuls dessins à l'encre ou d'animations vives de neige.
Koya Kamura, le réalisateur, y développe la recherche de ses deux personnages principaux. Qui se heurtent avec maladresse , puis qui s'apprennent peu à peu. Dans un lien fragile souvent menacé.
Koya Kamura entoure ses personnages de douceur et de bienveillance. Fixe sur la pellicule le déroulement d'un hiver qui engourdit la ville, les petits riens du quotidien, l'acte créatif et la quête d'identité.
Roschdy Zem, taiseux et tout en intériorité, comme dans le récent Elyas, est toujours aussi formidable dans le minimalisme de son interprétation. Bella Kim, quant à elle, est charmante d'incertitude, de douces attentions et de délicats tourments intérieurs.
Hiver à Sokcho aborde avec délicatesse ses thématiques, qui semblent très intimes au réalisateur. Celles de la double culture et de la recherche des origines. Dommage seulement qu'il ait voulu y ajouter une touche de mélo beaucoup trop appuyée et de pseudo secret de famille trop dérisoire pour totalement convaincre.
Hiver à Sokcho s'en trouve malheureusement très alourdi, malgré toute la poésie déployée jusqu'ici.
Il restera ainsi quelques moments décalés, quelques petites touches d'humour et d'espièglerie qui ne tombent jamais à plat, et toute cette ambiance d'une modeste pension de famille un brin désuète mais chaleureuse.
L'hiver, à Sokcho, il n'y a pas beaucoup de touristes, mais il fait quand même bon s'y réchauffer le cœur.
Behind_the_Mask, tombe la neige.