L'air du temps serait à l'évolution des mentalités, et le premier long métrage de Nora El Hourch se charge de nous le rappeler non sans une certaine lourdeur néanmoins nuancée en paradoxe...
En prenant comme point névralgique de son récit le harcèlement sexuel exécuté par un jeune homme sur une adolescente et - de manière collatérale - sur ses deux meilleures amies la jeune cinéaste se fraye un chemin alors bien plus intéressant et moins caricatural dans les ornières du cyberharcèlement, parvenant sur la longueur à transformer ce qui n'aurait pu se résumer qu'à une vulgaire campagne promotionnelle #MeToo en une histoire de sororité joliment pétrie de contrepoints entièrement bienvenus in fine.
Si les trois jeunes comédiennes s'en tirent tout à fait honorablement ( on retiendra entre autres choses la belle prestation de Léah Aubert, assez remarquable en instigatrice des révélations sus-citées, tout comme le personnage de Djeneba incarné par la très agaçante mais idoine Médina Diarra ) l'ensemble du casting demeure en tout état de cause assez inégal, certains seconds couteaux ne pouvant se départir de leur caractérisation très voire trop stéréotypée. La dimension féministe, lorgnant parfois jusqu'à une certaine forme de wokisme assez rédhibitoire, peine parfois à dépasser le cadre moralisateur du film institutionnel et - de fait - sectaire et univoque. Ainsi les mâles sont pratiquement tous irrécupérables lorsqu'ils ne sont pas tout simplement abjects ( les deux dragueurs de la séquence d'ouverture grossièrement tournés en ridicule, l'agresseur dépourvu d'intelligence et d'une véritable remise en question, le père de la jeune Amina incapable de dépasser sa classe sociale, et cetera...), donnant toutes les bonnes raisons aux jeunes femmes du groupe, quelles que soient leurs façons d'agir.
Fort heureusement Nora El Hourch parvient peu à peu à nourrir son récit d'à-côtés narratifs venant délayer cette grossière peinture misandre et féministe, réussissant à nous convaincre au détour d'une amitié sororicide aux enjeux entièrement tenus sur la longueur. La description sociale et l'écriture dudit métrage sont deux de ses principales qualités artistiques, HLM Pussy restant un peu en-deçà du point de vue technique et dramaturgique. Cela n'en demeure pas moins défendable et pertinent pour un premier film de Cinéma, Nora El Hourch semblant en outre pleinement consciente de ses excès de tonalité qu'elle parvient en fin de compte à réduire avec finesse...