Hocus Pocus fait partie de ces films que j’ai souvent regardé enfant, mais délaissés depuis. Il y a toujours un risque à revoir plus tard ces films enfantins, avec un regard adulte et plus critique. La nostalgie ne pouvant tout sauver, il y a parfois des mauvaises surprises. Mais aussi des bonnes. Georges de la jungle, c’est bof en fait, Hook et La souris, c’est bien. Et Hocus Pocus ?
Pour un film Disney, Hocus Pocus semble bien oublié par chez nous. Il semble que ce soit moins le cas aux États-Unis. Malgré un piètre succès au cinéma, il s’est depuis rattrapé, au point qu’une suite avait failli voir le jour dans les années 2010. Mais par chez nous, ce n’est pas le film qui revient souvent dans les discussions. Je n’ai pas le souvenir non plus d’avoir déjà vu des diffusions télévisuelles. Il faut dire que le film contient quelques scènes un peu dures, et que le sujet, Halloween et les sorcières de Salem, nous concerne moins.
Ces sorcières sont au nombre de trois, les sœurs Sanderson. Le 31 octobre 1693, elles prennent la vie d’Emily Binx. Leur sortilège meurtrier leur permet de garder leur jeunesse. Son frère Thackery n’a rien pu faire, il a été transformé en chat noir. Heureusement, les villageois arrivent à capturer les sœurs pour les brûler. Celles-ci prononcent une malédiction, annonçant leur retour. Thackery va alors passer trois siècles à empêcher leur retour, emprisonné sous sa forme féline. Trois cent ans plus tard, les Dennison sont des nouveaux arrivants à Salem. Max, leur fils, a du mal à s’intégrer. Alors pour épater sa camarade de classe Allison et faire le grand devant sa petite sœur, il allume la bougie magique des sœurs Sanderson, qui ne manquent pas de revenir. Elles découvrent un monde qui a bien changé, mais leur appétit en essences vitales juvéniles est toujours aussi fort.
De l’humour, et beaucoup d’aventure. Il ne s’agit pas tant d’une quête initiatique que de lutter pour sa survie. L’adjonction du chat Thackery qui va protéger ces jeunes adolescents et qui sait de quoi il en retourne est un bon point. Les difficultés de Max à s’intégrer ne sont pas trop mises en avant, pas trop soulignées, tempérées par l’humour ravageur de sa petite sœur.
Au casting des sœurs Sanderson, un beau trio avec Bette Midler, Sarah Jessica Parker et Kathy Najimy. Dans leurs jeux outrés, c’est Sarah Jessica Parker, incroyable mais vrai, qui s’en sort le mieux, pour un personnage plus sensuel mais tout autant dangereux. Les jeunes acteurs Omri Katz, Thora Birch et Vinessa Shaw se débrouillent bien, dans ce qu’on peut attendre dune telle comédie familiale. Il est du coup surprenant de constater que leur carrière n’ait pas décollé, à part celle de Thora Birch qui joue très bien le rôle de la petite sœur à la grande bouche, aperçue par la suite dans American Beauty et Ghost World (même si ça date un peu).
Malgré le côté burlesque, exagéré des sœurs Sanderson, Hocus Pocus est plus sombre qu’on ne pourrait le croire. Un certain passage m’a rappelé un traumatisme d’enfant. Le film parle de morts, de deuils, mais aussi de virginité, bon courage aux parents pour expliquer certains de ses points aux enfants les plus jeunes. Le film sera d’ailleurs fortement censuré par la suite pour être diffusé sur certaines chaînes de télévision. Il est vrai que la comédie familiale s’est un peu lissée depuis. Mais des films comme L’Histoire sans fin prenaient le risque de surprendre, de faire subir des scènes fortes.
C’est un soulagement pour moi de l’avoir apprécié à nouveau. Sans avoir usé de sortilège (du moins je l’espère) Hocus Pocus n’a pas trop mal vieilli. Il est distrayant, entraînant. Mais il est difficile de le conseiller de nos jours à ceux qui ne le connaîtraient pas. Les plus vieux pourraient être gênés par ses aspects les plus enfantins, et les plus jeunes pourraient être déstabilisés par ses côtés plus sombres. Je ne veux pas trancher, alors pourquoi pas un prochain 31 octobre pour vous faire votre propre opinion ?