Comment des hommes peuvent-ils imaginer des scénarios aussi tordus se demande Barnérias à 2h05 du film. Effectivement, je me pose la même question. Quel esprit tordu a pu accoucher de ce film fantasmatique ?
Sans doute un réalisateur qui n'en est pas à son coup d'essai mais est un habitué des discours pseudo-scientifiques. Après son dernier, passé dans de nombreux cinémas : "Thanatos, l'ultime passage", frisant dangereusement avec l'apologie du suicide et confondant allègrement expérience de mort imminente et projection astrale, il revient ici pour son chef-d'œuvre.
Chef d’œuvre du rythme
Un chef-d’œuvre accomplit reprenant les meilleures recettes qui ont déjà fait leurs preuves et en rajoutant de nouveaux ingrédients. Barnérias a enfin compris que pour que son message soit pris au sérieux il ne faut pas qu'il soit lisible. Il va donc nous ensevelir "d'informations" pendant plus de 2h30 absolument exténuantes. 2h30 où se croisent épidémie, gestion politique, cryptomonnaie, capitalisme, lutte et mépris de classe, mensonges, amour, gouvernement mondial, etc. etc.
Le film ne nous laisse pas le temps de réfléchir. Il assène ! Sans cesse ! Sans preuves ! Dans un rythme de fou ! On passe d'un sujet à l'autre ! On y revient ! on repart ! Sans cesse ! Sans cesse... Ceci n'est pas de l'information ! Ceci n'est pas de l'esprit critique ! Ceci n'est pas de l'éducation ! C'en est l'antithèse !
Destruction des fondements
Nous sommes devant un cas flagrant d'anti-éducation, d'anti-esprit-critique... dans un cas flagrant de manipulation et de propagande mensongère. Loin de nous donner du contenu, on ne nous offre que des questions. Les questions c'est bien ! Le doute c'est bien ! Mais à toute construction il faut des fondations. Ici nous sommes dans la négation du fait et donc de ces fondations.
Comment comprendre le monde quand on n'est plus certain qu'il existe ? Comment comprendre ce qui nous entoure sans quelques bases solides ? Comment comprendre l'univers si l'on remet en doute la rotondité de la terre ? Ici le film détruit ces bases. Il nous offre un château sans fondation : factice et prêt à s'écrouler sur nous. Où est la vérité ? où est le mensonge ? Nous sommes pris dans une spirale infernale de questionnement qui ne s'arrête pas et qui nous épuise.
Cet épuisement n'est pas dû à une trop grande complexité. Nous sommes TOUS capables de comprendre ce qui est bien expliqué. Il n'est dû qu'à la forme et au rythme du film qui nous anesthésie. Nous ne pouvons rien vérifier parce que rien n'est prouvé, mais surtout tout est fait pour nous embrouiller et nous perdre. Chiffres sortis de nulle part, analyses foireuses, mensonges délibérés mais surtout tout est dit et son contraire. Tout est contradictoire ! C’est un labyrinthe ingénieusement conçu où la dissonance cognitive (le fait d'être totalement chamboulé quand on en sort, d'avoir cette sensation de perdre pied, de ne plus savoir ce qui est vrai ou pas) fait guise de Minotaure. Seul un fil d’Ariane - votre esprit critique - peut vous permettre de vous en sortir avec un peu de méthode et beaucoup de patience.
Critique complète : http://versus-critiques.over-blog.com/2020/11/hold-up-de-pierre-barnerias-2020.html