"J'ai le vertige. Comment des hommes peuvent-ils imaginer des scénarios aussi tordus ?" Pierre Barnérias.
On peut certes discuter de l'intérêt d'écrire une énième critique négative de Hold-Up. Mais après tout, je me suis tapé les 2h40 de film, ce n'est pas pour gentiment me taire à la fin.
J'ai tenté de mettre de côté mes a priori. J'ai mis régulièrement sur pause le documentaire afin de débattre de différents passages de façon régulière. J'ai surtout taché de m'immiscer dans la peau de quelqu'un qui est d'ores-et-déjà convaincu : ça aide à comprendre la force du documentaire.
Car honnêtement, d'un point de vue sceptique, Hold-Up est vraiment très mauvais. Le documentaire est globalement vide et ne s'appuie que très rarement sur de réelles données vérifiables et non biaisées, mais se permet tout de même d'affirmer sur un ton péremptoire et parfois cynique que nous sommes l'objets de manipulations diverses. De l'inefficacité du masque à celle du confinement, de la dangerosité des vaccins au contrôle des masses par le biais de la 5G, tout y passe.
Cela dit, je comprends que le film puisse être persuasif, si tant est que nous sommes déjà familier avec ce qu'il énonce. Il flatte le biais de confirmation, dénonce avec cynisme, et dénombre tellement d'interlocuteurs que le crédule serait bien en peine de contredire tous ces "spécialistes", d'autant plus s'ils vont dans le sens de ce que celui-ci veut entendre. Et le film y va crescendo : les premiers arguments, qui dénoncent un réel problème de communication et les différentes maladresses du gouvernement, sont des points d'ancrage ; les meilleurs mensonges s'appuient souvent sur une part de vérité.
Là où Hold-Up est vicieux, c'est qu'en dépit de son manque d'arguments probants (car franchement, sur 2h40 de docu, on devrait avoir beaucoup plus de chiffres et de sources, si tout ce qui était énoncé était vrai), il tente de persuader en faisant appel au ressenti et aux sentiments du spectateur. En effet, si tout ce qui était énoncé était vrai, il devrait susciter l'indignation, la colère, le dégoût, et surtout le comble de l'hypocrisie : la peur.
Le documentaire s'en prend tout le long au gouvernement (ou bien aux industriels, ou bien à Big Pharma) en raison de la politique de la peur installée depuis le premier confinement. Mais c'est exactement ce que cherche à installer le documentaire, et c'est comme ça qu'il gagne son public. Après tout, ce n'est pas en raisonnant que l'on peut croire à ces histoires, mais bien en jouant sur les sentiments de la crainte, de la haine, de la méfiance.
En toute franchise je suis extrêmement déçu par le documentaire, car je m'attendais à un argumentaire. Sauf que non : il ne s'agit que de témoignages de personnalités controversées, sur un ton mélodramatique enrobé de fabulations injustifiées.
Je pourrais donc parler d'une perte de temps, mais... Je suis content de l'avoir regardé, et d'avoir essayé d'adopter un point de vue différent. Et finalement, je ne que vous conseiller de faire de même... Que vous croyez aux théories de Hold-Up... Ou non.