Un film avec Sarah Paulson, ça ne se refuse pas, et les tempêtes de poussière tueuses, que j’aurais cru relever de la science-fiction, ça méritait bien un coup d’œil. Alors voici : interprétation remarquable de Sarah Paulson, comme d’habitude, dans le rôle d’une veuve des années trente coincée avec ses trois filles à l'écart d'un village dévasté. Mais ce pitch révèle le point faible du film. On a l’impression d’avoir déjà vu ça quelque part. Dans des westerns, dans des romances, dans des thrillers d’épouvante, un peu dans tous les genres en fait.
Preuve qu’on n’est pas vraiment accroché, pendant que la présence inquiétante qu’on-sait-pas-si-elle-est-réelle-ou-fantasmée rôdait, j’ai demandé à l’ami ternet ce qu’il savait des tempêtes de l’Oklahoma. Elles ont bien existé, comme en témoignent les Raisins de la colère et plusieurs chansons de Woody Guthrie. L’agriculture intensive essayée dans les années trente plus des sécheresses exceptionnelles mettant les sols à nu ont causé ces vents de poussière apocalyptiques dont le film a le mérite de donner une idée.
Le traitement du sujet sous l’angle horrifico-psychologique évite au moins le baratin écoloniais-sauvons-la-planète qu’on aurait pu redouter, mais, pour une fois qu’un scénario repose sur une catastrophe écologique réelle, c’est dommage de ne pas en tirer un meilleur parti. Et sauf erreur, y a pas de Cherokee dans le film, ce qui est abusif. Car les amateurs de country vous le diront, si y a pas de Cherokee in Oklahoma, y a pas de vaches au Texas, de guitare à Nashville, Tennessee, de publicités à la télé, etc.
Ça vaut quand même la peine. Pour Sarah Paulson, pour les jeunes actrices qui interprètent ses filles, pour l’impression forte que donnent les paysages de fin du monde, et peut-être aussi pour la dernière image du film, jolie trouvaille dont je ne dirai rien, histoire de pas divulgâcher.