On avait quitté Paul Verhoeven avec son irrévérencieux, bourrin, magnifique et putain de badass Starship Troopers. Il revient trois ans plus tard en adaptant à sa sauce le thème de la folie de l'homme devenant invisible élaborée par Platon, ici bien mise en évidence à travers un film fantastique violent, original et visuellement époustouflant. Car avec Hollow Man, Verhoeven signe l'un de ses films les plus typiquement américains dans le sens où tout est vraiment exagéré, des effets spéciaux (pourtant impressionnants de réalisme) au scénario rocambolesque, n'épargnant le plus souvent aucun cliché du blockbuster horrifique...
Entre des séquences inutilement excessives et un final languissant bourré de passages improbables (notre anti-héros est tout simplement increvable, et ça n'est pas une multitude de coups de barre de fer ni une carbonisation en règle qui l'arrêteront), Hollow Man est avant tout un spectacle hollywoodien tout ce qu'il y a de plus distrayant. Et du spectacle, Verhoeven sait en proposer, le long-métrage étant un brillant thriller fantastique mâtiné d'horreur comme on en fait plus.
Bourré de séquences d'action dynamiques et de plans gore joyeusement cinglants (que serait un film de Verhoeven sans grincement de dents ?), le film nous présente le résultat d'une expérience dangereuse visant à rendre invisible un être humain, lequel, après un succès inespéré, va devenir fou et abuser de sa nouvelle capacité pour assouvir ses plus profondes pulsions allant du vol au meurtre en passant bien entendu par le viol sauvage de sa voisine préférée. Cet anti-héros dégueulasse est campé par l'excellent Kevin Bacon qui, malgré son rôle d'homme invisible, est ici effrayant sous son masque de silicone, apportant une prestance des plus glaçantes, son personnage devenant d'autant plus l'un de ses meilleurs rôles de salauds.
Renforcé par un réjouissant lot d'action et des effets visuels absolument ébouriffants, Hollow Man arrive sans peine à devenir l'un des films les plus distrayants de son auteur sans toutefois rester dans les annales. Ainsi, le treizième film du réalisateur hollandais s'apparente plus à un film d'horreur baignant dans l'esbroufe constante (malgré quelques scènes à suspense à faire froid dans le dos) qu'à une tentative de marquer sa déjà fructueuse filmographie. Ceci dit, nous ne bouderons pas notre plaisir face à ce "petit" film bien sympathique et surtout – encore une fois – très gore.