Va en enfer !

Abordant avec brio le thème de l'invisibilité dans la chair & le sang, le Hollandais violent, Paul Verhoeven (Turkish Délices, Benedetta), plus provocateur que jamais, lui apporte une dimension sexuelle et assassine enivrante dans son dernier Blockbuster de science-fiction américain. Que faire du pouvoir de l'invisibilité, ce rêve qui peut tourner au cauchemar ? Un jeune savant surdoué et égocentrique, en parcourt les exaltantes possibilités avant d'en subir les effets pervers. Peut-on montrer l'immontrable ? Bien sûr le virtuose Verhoeven la fait, prenant le mythe de H. G. Wells à contre pied assisté par la magie de l'infographie, il débarrasse son Homme sans ombre de ses inhibitions et le laisse agir de manière immorale, un savant fou intoxiqué par son pouvoir qui commencera par le voyeurisme amusé et sexuel de son entourage (la vétérinaire endormie caressé et titillé au téton à son insu, la crainte des différents scientifiques d'être observés) jusqu'un viole à L'Emprise de la chaude voisine d'en face et aux différents meurtres de son équipe, ses chers collègues de travail ! Dans le rôle à fleur de peau du perturbé docteur Sebastian Caine c'est l'acteur Kevin Bacon (Vendredi 13, Traque à Boston) au charisme démoniaque de perversité et de cruauté qui si colle, un homme invisible présent sur chaque plan afin d'optimiser la qualité de son effacement selon les couleurs et l'ambiance des différents décors d'Allan Cameron. Bacon s'habillant pendant le tournage dans différentes combinaisons de couleurs, verte (la principale dans le film) et bleue (la fumée et le feu) ou peint en noir dans la scène aquatique. Face à l'Homme invisible, l'ingénieuse assistante, le docteur Linda McKay, ex-compagne & tendon d'Achille du patron incarné par la sublime Elisabeth Shue (Karaté Kid, Death Wish) blessé grièvement pendant le tournage, son remplacement fut même envisagé par les producteurs mais seul le cinéaste refusa ! Une McKay nouvellement amoureuse d'un autre collaborateur, le Dr Matt Kensington joué par Josh Brolin (Les Goonies, My Deer Hunter Dad) qui ferme ce violent triangle amoureux dans un final dantesque et explosif.
Le reste du casting du laboratoire militaire ultra-secret en huis clos se compose de la sanguine Kim Dickens (La Méthode zéro, The Highwaymen), Greg Grunberg (Supersens, Star Trek : Sans limites), Joey Slotnick (Twister, The Cobbler), Mary Randle (Zig Zag), William Devane (Marathon Man, Interstellar) et la chaude voisine Rhona Mitra (Ali G, Doomsday).

On se rêvera !

Sebastian Caine est un scientifique de génie qui travaille pour les services secrets. Avec son équipe, composée notamment de Linda, son ex-petite-amie, ils mettent au point la formule d'invisibilité et son antidote, qu'ils testent avec succès sur un primate. Sebastian décide alors de passer à l'étape supérieure, c'est à dire l'expérimentation humaine, et devient invisible. Mais l'antidote ne fonctionne pas et contraint Sebastian à rester effacé. À travers les multiples expériences censées lui rendre son apparence, Sebastian prend alors conscience de son pouvoir et sombre peu à peu dans la folie... Sa paranoïa s'accroît dès lors qu'il voit que ses collègues, inquiétés par son comportement mégalomane, veulent arrêter l'expérience et le dénoncer. Sa perversité et sa cruauté vont en faire un ennemi hors pair…

C'est pas croyable ce qu'on peut faire quand on a plus besoin de se regarder dans un miroir !

Cette superproduction culte de la SF constitue l'une des œuvres fantastiques du nouveau millénaire la plus techniquement réussie en matière d'effets spéciaux visuels incroyables qui représentent environ 50 millions de dollars soit la moitié du budget total s'élevant à 95 millions, notamment avec les trois magnifiques séquences centrales montrant des êtres vivants, le gorille et le scientifique Caine réapparaître ou disparaître par couches successives ; pilosité, peau, muscles, organes et os jusqu'à l'évaporation physique. Presque 600 effets technologiques avant-gardistes pour l'époque crées par Sony Pictures Imageworks et le Tippett Studio, encore aujourd'hui incroyables ! Ce septième et dernier film de la période hollywoodienne de Verhoeven au succès mondial avoisinant les 190 millions de dollars livre une première partie classique mais captivante aidée grandement par une interprétation de grandes qualités, la seconde moitié de l'œuvre nous réserve son lot de rebondissements d'actions techniques envoûtantes et de violences malsaines soutenues qui sont depuis Robocop la marque de fabrique de la période US du metteur en scène hollandais. Un cinéaste rentable qui ne souhaite pas rester cantonné aux Blockbusters de science-fiction (suite au flop de Showgirls) et n'arrivant pas a concrétisé ses propres projets sulfureux (Houdini, Raspoutine & Other Powers), il reprend finalement son indépendance filmographique en mains par un retour à la vieille Europe.

Salut visage.