Mon premier Carax que je suis allé voir avec le minimum d'informations.

Premier constat > J'en ressors TRES mitigé. C'est un film à sketchs et comme la quasi-totalité des films à sketchs, c'est inégal. Le film nous promet de nous faire voyager, nous embarquer dans des montagnes russes d'émotions et de personnages différents. J'ai effectivement traversé plusieurs phases dans le film, mais pas forcément celles voulues. Déjà le début, le pire moment du film, m'a fait TRES peur. Leos Carax se met lui-même en scène dans une scène-symbole chiante et pédante où, avec une clé à la place d'un doigt, il ouvre les portes d'un(du) (C)cinéma. Paie ta modestie, j'avais eu une légère envie d'ouvrir les portes de la salle de cinéma moi aussi, mais pour en sortir. Comme ce n'était que le début, j'ai tout de même attendu pour voir la suite. Apparition de Denis Lavant donc avec deux rendez-vous qui m'ont laissé totalement indifférent, me laissant attendre la suite. Et au moment où M.Merde apparait, j'ai commencé ça rentrer dans le film, mais ce n'était pas encore gagné. Il y eut alors plusieurs phases de J'aime/Je déteste sans que je ne sache si j'ai aimé le film au final. De plus, dès qu'il y a de bonnes idées ou bonnes scènes, il y a un truc mauvais pour faire pencher la balance. La séquence avec Eva Mendes m'a sacrément ennuyé. Celle avec Kylie Minogue à se trancher les veines. Michel Picolli a toujours la classe. La scène du mourant, je ne m'en rappelle plus. Le truand qui tue/est tué est cool, j'aime beaucoup l'ambiance. J'ai adoré l'entracte. Le meurtre du banquier devant le resto m'a saoulé. Voila quoi.
C'est tout le long appuyé de symboles branle-nouilles toujours très mis en valeur au cas où on les rate, et rempli de références cinématographiques, ça encore ça passe mais c'est vraiment trop simpliste. Par exemple à un moment Edith Scobb met un masque parce qu'elle a joué dans Les yeux sans visages. Et hop, l'as-tu vu ma référence ? Carax aurait mieux fait d'engager Véronique Renaud pour le rôle et qu'elle enfile un ciré jaune. Déjà, j'aurais plus apprécié et ça aurait fait encore plus élitiste.

Après plusieurs semaines, j'aboutis à un second constat > Ce film représente pour moi un film typiquement double-face.

1. Le trip que représente le film. Il enchaîne les sketchs très différents passant du coq à l'âne avec une aisance et une maîtrise qui font plaisir. Leos Carax sait très bien filmer, la technique est très professionnelle et en ferait envier plusieurs. L'urbanisme cinégénique qui en ressort est très beau, surtout la nuit. C'est beau Paris la nuit et Carax sait la filmer. Et son double Denis Lavant enchaîne les personnages avec aussi une certaine aisance. Ses différentes prestations méritent de donner des leçons et son investissement fou est très respectable. Un OVNI qui fait plaisir, un objet cinématographique comme on en voit trop peu. De plus, le thème du film m'intéresse particulièrement. Cette constante envie de vivre et revivre, de créer sans cesse quelque chose de nouveau pour se faire violence et ressentir des émotions sans cesse. Le mélange de genres également, c'est très satisfaisant de se retrouver face à une oeuvre où l'on ne peut déterminer quel genre auquel il répond exactement il surprend par sa personnalité.

Le paragraphe ci-dessous vend un bon film, n'est-ce pas ? J'aimerais bien mais malheureusement il y a la deuxième face.

2. Le potentiel énorme est finalement une fausse oeuvre """"libre"""". J'ai comme l'impression d'avoir été pris pour un con. Le film se veut fou, dingue, "libre" alors que Carax le flingue lui-même en faisant une visite guidée. L'explication continue où il dit toujours ce qu'il fait et à quoi il fait référence est d'une lourdeur plombant le métrage. Dans une pseudo-encyclopédie du cinéma/prototype filmique se glisse une masturbation intellectuelle car Carax est un Ôteur qui fait un film d'Ôteur et lui a tout compris au Cinéma, pas comme ces cons au festival de Cannes qui ne lui ont rien donné, les méchants. Carax peut donc continuer de faire des montagnes sur son oeuvre tel un poête maudit incompris. De même pour Denis Lavant que je trouve très très peu supportable. Cette volonté d'être toujours plus malin, plus intelligent que son sujet est peut-être le problème récurrent du cinéma français. Ici, on tape en plein dans le mille, Carax se croit plus intelligent et pose bien son spectateur dans son statut de mouton prêt à écouter sa leçon. Et sans le vouloir, le film se cloisonne lui-même, s'impose un propre cahier des charges à remplir sous une pseudo-créativité prétentieuse pour un film faussement anti-consensuel, qui donne plutôt l'impression que Carax n'ait pas confiance en son film. Insupportable.

Et encore aujourd'hui je suis TRES mitigé. Quelques semaines après la semaine je réévaluais le film à la hausse pour le trip qu'il procure. Aujourd'hui, c'est plus la deuxième face qui ressort dans ma tête, avec étiquette "Navet de luxe" gravé dessus. Peut-être qu'à l'avenir il se rangera dans mes navets de luxe qui m'insupportent totalement, ou alors une (im)probable seconde vision me le ferait aimé encore plus. Donc, voici l'état de ma critique en ce 10 août 2012.
Siry
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le 10 août 2012

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