Je n'avais lu aucune « critique » avant d'aller voir ce film, seulement entendu plusieurs personnes dire qu'elles étaient “passées à côté”. J'ai quant à moi eu l'impression d'avoir été complètement happée et une après-midi de longue sieste rêveuse m'avait peut-être mis dans de bonnes dispositions pour m'y confronter.

Dès le début, on nous donne la clef au bout des doigts : nous sommes au spectacle et nous nous regardons. La présence de l'entracte ne fait qu'affirmer ce postulat qui permet le bal des masques, la parade des accordéons et la mascarade permanente.

Au fil des rencontres, les armes et les fleurs, les ennemis imaginaires et les doubles bien réels, les chorégraphies solitaires et les obligations envers autrui semblent nous montrer que l’on tient tous un rôle même quand cela nous paraît absurde. Surtout quand cela nous paraît absurde.

Pourquoi vouloir y comprendre quelque chose ? Qu’est ce que Carax a bien pu vouloir nous dire ? Rien. Mais il nous a invité à accepter un instant de « devenir fou », à apprendre à « mourir » un peu en nous ôtant le facilité de la cohérence donnée de fait ou même à être notre propre meurtrier.

Le film développe sur neuf rendez-vous l’impossibilité de trouver du sens et nous suggère que l’important est peut-être ailleurs, pas tant dans ce que l’on nous propose mais dans ce que l’on en fait. « La beauté est dans l’oeil de celui qui regarde » insiste-il avant de demander si ce sont bien de nos propres yeux que nous regardons.

Ce sont tes yeux ?


Puis minuit sonne et il faut avoir ri avant d’aller dormir. Avant de rentrer et de pouvoir annoncer sur le pas de la porte, de la voix d’une de nos multiples personnalités, un « c’est moi » assuré. Encore la clé à la main, on se demande s’il nous « reste des images ». Peut-être que nous n’avons que cela pour nous raccrocher ; que les caméras soient trop lourdes ou trop petites puisque tout est visuel désormais et que les histoires se racontent en couleurs.

Peut-être est-ce pour cela que les plans sont si beaux - le travail de Caroline Champetier, la directrice de la photographie est exceptionnel. Peut-être est-ce pour ces images que nous trouvons la force de « recommencer » le lendemain à défiler dans ce carnaval bigarré, à se lancer dans un nouveau tour de piste, à entamer une autre boucle à boucler.

Rentrées au garage après une longue « journey », les limousines se plaignent que les hommes ne veulent plus de moteurs, plus d’actions. Avec ce film, Carax, homme qui dit « Action ! » nous offre un moteur qui fonctionne à l’imaginaire pour nous faire voyager.

Créée

le 12 août 2012

Modifiée

le 12 août 2012

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