On voudrait revivre. Ça veut dire : on voudrait vivre encore la même chose. Refaire peut-être encore le grand parcours, toucher du doigt le point de non-retour et se sentir si loin, si loin de son enfance ... (Revivre, Gérard Manset)
Dans Cosmopolis de David Cronenberg, le milliardaire Eric Packer se demande où dorment les limousines quand la nuit tombe ; le film-gigogne de Leos Carax, enfant maudit du cinéma français, lui apporte une réponse. Les lumières s'éteignent : un homme apparaît sur l'écran, se lève de son lit et tâtonne un mur au papier peint boisé. De son doigt-robotique métaphorisé comme la clé secrète des rêves, il ouvre la boîte de Pandore, une salle de cinéma léthargique, figée en plein vol. Un certain M. Oscar (Denis Lavant, être aux multiples visages, dans un tour de force magnifique) s'en échappe, démarrant sa journée en illustre patron attendu pour d'importants rendez-vous aux quatre coins de la ville. Incarnant successivement une mendiante, une créature engendrée par la motion-capture, un monstrueux habitant souterrain, un père déçu par sa fille, un oncle mourant, un ancien amant ténébreux et un mafieux méthodique, cet étrange personnage conduit ce puissant trip surréaliste aux limites du superbe (l'Entracte, enivrant ballet d'accordéons ; la Samaritaine, mélancolique et douloureuse) et de l'absurde (le dernier arrêt, terminus surprenant). Segmenté, ludique, poétique, Holy Motors est l'écho des moteurs d'une existence : ceux des voitures, des caméras, du désir créatif.
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