Aaaaah, comment rester insensible à ce véritable OVNI ? Sûrement le film le plus original et le plus fou de l'année 2012.
Rien que cette première scène, hypra-mystérieuse: Une clé au bout du doigt, Léos Carax ouvre une porte encastrée dans le mur de sa cabine de paquebot (vraisemblablement) et surplombe une salle de cinéma où les spectateurs (morts ou endormis?) assistent à la projection d'un vieux film. Wow. Et après ?
Après, le délire commence: Denis Lavant est époustouflant dans le rôle de cet homme au métier étrange et aux multiples vies. Puisqu'on parle jeu d'acteurs, à noter le rôle mémorable d'Eva Mendes, bien que celle-ci ne fasse qu'une brève apparition dans le film: elle ne prononce pas la moindre parole !
Tantôt drôles, absurdes, émouvantes, mystérieuses, dérangeantes, déroutantes, les scènes se suivent et ne se ressemblent pas ! Considéré avant tout comme un hommage au cinéma et aux multiples genres existants, Holy Motors vous laisse bouche bée. Léos Carax aurait trouvé l'inspiration pour ce film en voyant aux Etats-Unis et à Paris un grand nombre de limousines étranges qui lui firent penser à "de longs vaisseaux transportant leurs passagers vers leurs derniers voyages..." C'est donc cela !
Mais quand Denis Lavant, alias Monsieur Oscar, annonce toujours aimer son métier même s'il regrette la taille sans cesse rétrécie des caméras, qui deviennent de plus en plus invisibles, on comprend à peu près le but de Léos Carax: évoquer l'absence de limite entre le jeu d'acteurs, la fiction donc, et la réalité, l'absurdité de la vie... A noter les quelques très belles séquences musicales qui viennent illuminer le film, notamment l"l'entracte" pendant lequel Monsieur Oscar, accompagné de musiciens qui le suivent en marchant, interprète un morceau énergique et plein d'entrain (et pourtant plein de mélancolie..) à l'accordéon, ponctué par un poignant "3, 12, MERDE !!". Ou encore la nostalgique chanson "Revivre" de Manset qui acompagne l'avant dernière scène du film, ou encore les quelques notes éblouissantes chantées par Kylie Minogue lors de la séquence de la Samaritaine... Puis évidemment, je me dois de parler de la scène finale, comme sortie de nulle part, où les limousines, toutes garées les unes à côté des autres, se livrent à une conversation mélancolico-nostalgico-philosophique avant de lâcher un "Amen" général... Voilà, c'est Holy Motors. Entre étrangeté, émotion, mystère et beauté, nous suivons Denis Lavant, à l'arrière de sa limousine, dans sa "loge d'acteur", tandis qu'il interprète les protagonistes de plusieurs vies, et on se laisse embarquer dans cette déclaration d'amour à la vie et au cinéma.