Home est plein de bonnes intentions. Mais quand on parle écologie, le moindre faux pas peut nuire au message, aussi pertinent soit-il, que l'on souhaite porter.
Pourvu d'images magnifiques et de superbes musiques pour les accompagner, le film alarmiste de Yann-Arthus Bertrand est toutefois assez maladroit, bien que je partage à 90% tout ce que peut dire ce brave monsieur.
En effet, Home adopte un ton moralisateur, bienvenu de la part d'un écologiste ayant un vécu aussi riche que Yann-Arthus Bertrand, mais qui ne fera hélas que prêcher les convaincus. Et ce ton parfois presque prétentieux est assez mal perçu, on l'observe d'ailleurs très bien, Home est bien moins apprécié en France (6.4/10 sur Sens Critique) qu'ailleurs (8.5/10 sur IMDb).
Plutôt que nous apprendre à aimer la beauté de la Nature comme l'a fait 3 ans avant lui Planète Terre, Yann-Arthus Bertrand tire la sonnette d'alarme pendant 1h30, mais pilonner les chiffres alarmants n'est pas toujours le meilleur moyen de convaincre, quand bien même ils sont vrais et véritablement catastrophiques. Cela dit, difficile de lui en vouloir, car l'objectif est simplement de faire passer le message (d'où le fait que le film soit gratuit, pour se propager au plus grand monde), et sa technique a certainement été assez efficace.
Il y a aussi dans le discours du narrateur un côté un peu niais, notamment lorsque celui-ci tente de porter un message d'espoir après une heure de catastrophisme. Des actions sont mises en œuvre dans le bon sens, mais non seulement elles sont insuffisantes, mais surtout Yann-Arthus Bertrand nous propose d'être des consommateurs responsables (ce qui n'engage à rien), plutôt que de réduire notre mode de consommation (ce qui pourrait déplaire au groupe PPR). C'est là mon principal désaccord avec la morale du film.
Finalement je ne sais pas vraiment à qui s'adresse le film. Pas aux climatosceptiques, mais pas non plus à ceux qui, comme moi, ont déjà vu Notre Planète/Planète Terre (qui partagent les idées de Home sans les marteler), et/ou Koyaanisqatsi (qui par son mutisme d'une redoutable efficacité permet de bien plus profondes réflexions personnelles) et partagent déjà les idées du réalisateur. Le public cible doit se situer quelque part entre les deux, mais bon... Home a-t-il vraiment été efficace, ou a-t-il permis à cette tranche de la population de se soulager la conscience, sans vraiment lui suggérer de modifier concrètement son mode de consommation ? Bien entendu, la question reste ouverte.