Un couple et ses trois enfants habitent une maison isolée au bord d'une autoroute désaffectée. Emplacement étrange et séquences surréalistes où l'on voit le petit garçon faire du vélo sur l'autoroute déserte, où chacun enjambe les glissières de sécurité pour passer en face.
On ne sait rien de cette famille unie et chaleureuse -pas plus qu'on ne sait comment on a pu bâtir une maison ici, par ailleurs décor unique du film- vivant à l'écart mais pas marginale pour autant. Le père travaille, les enfants sont scolarisés.
Hélas, le havre de paix va devenir un cauchemar avec la réouverture de l'autoroute, son flot ininterrompu de voitures, le bruit, la pollution.
La réalisatrice Ursula Meier n'explique rien. Parabole, peut-être, de la vie moderne et de ses contingences néfastes, le sujet fait moins réfléchir que ressentir. On éprouve avec les personnages la tranquillité et l'intimité perdues et le retour, comme une calamité, de la civilisation que la famille a fuie. Insensiblement, le récit se dramatise , le stress succède à la fantaisie et à l'insouciance lorsqu'il devient nécessaire de se protéger par tous les moyens de l'invasion automobile.
"Home" offre un contraste insolite et des scènes saisissantes par son improbable promiscuité entre la maison et une voie rapide d'abord vide puis surchargée, tout en proposant un scénario abouti et maitrisé que je juge, partialement, plus plaisant dans la légèreté que dans la gravité.