Hommes femmes : mode d'emploi. Rien que ça. Alors que depuis la nuit des temps, les relations hommes/femmes restent le plus grand des mystères, Lelouch, lui, avec sa modestie légendaire, prétend avoir trouvé la solution. Et il ne s'arrête pas là. Vas-y qu'il s'auto-cite avec la référence à Belmondo et Itinéraire d'un enfant gâté, ses phrases (toutes faites) comme si dans un café quand on fait connaissance les gens se parlaient comme ça. Et il est persuadé qu'elles font mouche. Il en est fier. Rien que son "le pire n'est jamais décevant" va être répété tout le long du film.
Si quand Lelouch pense, ça reste de la philosophie de comptoir, comme toujours avec lui, les acteurs sont impeccablement dirigés. Ça, c'est quelque chose que je lui ai toujours reconnu. C'est un formidable directeur d'acteur. Trintignant le pensait dès le début. Pour moi, c'est même le meilleur en France. Tapie, en pleine descente aux enfers suite à l'affaire de corruption OM-VA, fait des débuts surprenants comme comédien. En même temps, avec sa gouaille, ses arnaques, son passé d'homme politique, est-ce qu'il n'était pas né pour jouer la comédie ? Luchini fait son petit numéro habituel comme dans Tout ça pour ça. Et Alessandra Martines et son air mutin, la femme de Lelouch à l'époque qu'il jettera comme les autres des années plus tard, elle n'est pas la dernière à se moquer des répliques soufflées par son mari. C'est là où Hommes femmes mode d'emploi devient drôle. En plus d'être une bonne danseuse, d'avoir un corps incroyable, d'être jolie, elle est la seule à ne pas trop se prendre au sérieux.
Quel dommage d'avoir un tel carnet d'adresses (outre Tapie et Luchini, on a droit à un vrai défilé de stars : Anouk Aimée, Pierre Arditi, Ophélie Winter, Ticky Holgado, Antoine Duléry, Daniel Gélin, Agnès Soral, Philippe Khorsand) et d'avoir si peu à raconter. C'est bavard (ça mêle l'amour, la mort, les acteurs, Dieu) mais ça ne dit pas grand-chose au final. A part qu'on a toujours des hommes frustrés de leur femme, des femmes frustrées de leur homme, et une fuite en avant pour espérer se retrouver. Comme dans Itinéraire, dans Un + une avec Dujardin, etc, etc.
Lelouch se permet même de compliquer définitivement les choses en souhaitant tourner à la fin un film sur la vie de Benoit Blanc (Tapie) qu'interpréterait son nouvel ami Lini (Luchini) flic mais aussi acteur à ses heures. D'ailleurs, on entend Lelouch donner des conseils à Ophélaï et il me semble même l'apercevoir fugitivement sur un plan. Au moins, on ne le verra pas jouer comme dans Les Parisiens ou Une pour toutes. Se farcir ses films, c'est déjà amplement suffisant.