--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au huitième épisode de la septième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/les_petites_sirenes/3094904?page=1
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---
Ça y est, l'immense cap de La Petite Sirène est passé dans ma chronologie. Ayant déjà vu le film moult fois je ne m'impose pas un revisionnage, mais je garde en tête que désormais le monde entier a au moins une référence commune de sirène. Peut-être cela changera la représentation des sirènes à l'écran. Ou peut-être pas. Pour le film de ce soir, il est également bon de noter la date d'une autre film de Disney : Peter Pan, 1953.
Amusant de voir que c'est presque 40 ans après l’adaptation de référence de l’œuvre de Barrie que sort ce Hook, plaçant son action environ 40 ans après celles racontées par l'auteur. La seule fantaisie que s'offre le film comme écart au récit original, et seul reproche que j'ai à faire au film également, est que Peter, séduit par la beauté de la petite fille de Wendy (Moira dans le film, alors que c'était Margaret dans le livre, curieux, pourquoi ce changement de nom?), décide de rester et de grandir avec elle. Je n'y crois pas. Je n'y crois pas une demi-seconde. Même si Hollywood est le temple du mélodrame, même si on y scande depuis presque 100 ans que l'amour est plus fort que tout, qu'on m'invente que Peter Pan tombe amoureux, qui plus est de quelqu'un d'autre que Wendy, même en essayant très fort, je n'arrive pas à y croire. Pas même dans un monde où les fées meurent quand on dit « je ne crois pas aux fées ». C'est l'unique point noir du film mais il est énorme, car c'est là-dessus qu'est basée toute son action. Et alors que tout le reste se déployait, majestueux, féerique, enivrant, je ne pouvais m'empêcher de penser « Je ne crois pas à ce Peter ». Et que ce même Peter Pan, même dans l'éventualité improbable où il ai accepté de grandir pour l'amour d'une femme, que ce même Peter Pan soit devenu un avocat froid et bougon, c'est le coup de grâce. Je veux bien croire à tout dans ce film, d'un Dustin Hofman délicieusement vilain dans son rôle d'un capitaine crochet revanchard et suicidaire ; à ces divines et gracieuses sirènes multicolores, comme si les sirènes n'étant plus assez après la dernière princesse des studios Disney pour acter le merveilleux, le film les a rendues multicolores pour surenchérir de féerie ; sans oublier une éblouissante (dans tous les sens du terme!) Julia Roberts dans le rôle tragico-comique de la fée Clochette qui lui colle tant à la peau qu'on se demande si Barrie n'avait pas déjà envisagée la comédienne pour le rôle (c'est une théorie qui ne souffre que de 30 ans d'incohérence, ce n'est pas la chose la plus improbable à laquelle j'ai essayé de croire ce soir) ; mais pas, et malgré une performance comme toujours brillante, à un Robin Williams quarantenaire et désabusé dans le rôle de Peter Pan. Ça ne retire aucune des autres et nombreuses qualités du film : sa DA colorée, abondante et subtile, ses effets spéciaux extraordinairement propres (enfin des queues de sirènes où on ne voit plus le pli des genoux de la comédienne, je commençait à me demander si ça allait finir par arriver!) ; sa mise en scène agile et inventive (ce n'est qu'un détail, mais je trouve que le loquet de la fenêtre en forme de crochet est symptomatique d'une Spielberg au top de sa forme), sa bande son très John Williams mais du coup toujours très efficace, sa troupe de comédien.ne.s excessivement talentueuse (on a parlé des rôles titres, mais la flopée de mioches qui les entourent valent le détour également), son sens de l'humour et de l'action qui font défiler 2h20 comme si l'horloge s'était enflammée. C'est un film brillant, sublime et adorable en tout point, de ceux que j'aime, où l'on sent que chacun des départements du film a été poussé jusqu'à la grâce, pour délivrer un métrage rayonnant et superbe. Et en lectrice amoureuse du roman de James Barrie, j'ai adoré y déceler toutes les références, des plus ancrées aux plus subtiles, petite chasse à l’œuf toujours stimulante et gratifiante. Mais c'est cette même lectrice amoureuse qui s'est sentie lésée par un postulat de départ impossible que j'ai ressenti, dès le départ, durant tout le film et encore dans le souvenir qu'il me laisse, comme une grave insulte à Barrie et à ses chers personnages (sauf Wendy, quelle merveille de mettre la divine Maggie Smith dans le rôle, vraiment).
Ça y est, un autre cap est passé, géographique celui-ci, et nous y avons fait escale. Certains des matelots qui y sont descendus ne remonteront pas. Les quelques sorcières que nous avons à bord se sont occupées d'eux pour qu'ils ne parlent pas des étranges événements auxquels ils ont assisté à bord. Certains d'entre nous étaient d'avis de prendre la précaution de les faire taire de manière plus définitive, mais je m'y suis opposée. Les capitaines qui acceptent d'embarquer une horde hétéroclite de monstres plus où moins sanguinaires ne font pas légion, et nous ne pouvons nous permettre de faire du mal aux matelots du notre, même s'ils choisissent de quitter le navire. L'une des magicienne assignée à cette tâche m'a glissé un sourire plein de malice après s'en être acquittée, et le marin passé entre ses mains semblait plus désorienté que ses camarades. Bien sûr, les sorcières sont ce qu'elles sont, et quand je l'ai questionnée, elle m'a simplement murmuré un « tu verras... Peut-être », accroché au même sourire malicieux.