Hope est un prénom très répandu au Nigéria. C'est celui de l'héroïne et le titre du beau film de Boris Lojkine, cinéaste venant du documentaire et réalisant là son premier long métrage de fiction.
Construit sur des bases documentaires solides, se réécrivant à chaque étape du tournage, ne filmant que des comédiens amateurs eux-mêmes migrants, Hope se nourrit du réel et impose la puissance du témoignage, "parce qu'on ne fait pas un film sur un sujet pareil pour raconter des choses fausses."
Mais la force de Hope est double. C'est parce qu'il s'agit d'une histoire folle, d'un récit profondément romanesque que le film nous emporte. Alternant séquences difficiles et plages apaisées, parenthèses enchantées dans la torpeur ambiante, Hope se développe autour d'un lien amoureux fortuit, les deux héros s'aimant presque par défaut, comme poussés par leur instinct de survie.
Tout le pouvoir de la fiction est là : puiser dans le réel pour alimenter l'imaginaire. Écrit comme un film d'aventure, nous éclairant sur l'incroyable réalité des parcours migratoires, la prostitution quasi obligatoire des femmes, les communautés par pays d'origine, le pouvoir des "chairman", Hope ne perd jamais le rythme.
Empathique et respectueuse, la mise en scène bénéficie de l'expérience de documentariste du cinéaste. L'image est souvent mouvante, éclairée avec les moyens du bord (ce qui donne de superbes séquences de nuit), mais toujours travaillée, pensée, au service du récit.
Porté par des comédiens riches et généreux, Hope ne se laisse aller ni à l'angélisme ni au sensationnalisme. Mieux, c'est par une démarche cinématographique ambitieuse qu'il transcende le réel pour mieux en rendre compte.