Hope fuit le Nigeria, Léonard a quitté le Cameroun. Sur les routes de l’exil, en chemin pour un rêve d’Europe, leur rencontre est une histoire d’amitié d’abord, difficile et tendre. Entre obstacles géographiques et épreuves imposées par l’homme, leur voyage vers une vie meilleure est un combat quotidien pour l’espoir et, malgré l’oubli des corps et la soumission, la dignité.


Avec Hope, Boris Lojkine fait le pari de raconter différents parcours de migration au spectateur occidental. Différentes origines, différents chemins, et différentes motivations. Tous ces hommes, nombreux, et ces quelques femmes qui fuient leur pays d’origine n’ont pas tous les mêmes rêves ni les mêmes espoirs. Tous ne fuient pas la guerre, tous ne fuient pas non plus la misère, certains rêvent simplement de toucher du bout du doigt le mirage occidental.
Pour autant, partout le voyage se ressemble : des jours de marche, des franchissements de frontières nocturnes à l’aide de passeurs peu scrupuleux, ponctués souvent de contrôles de police violents. Un voyage rythmé par de longues périodes de transit dans des camps de fortunes où le gite se monnaye, où la recherche de boulots sous-payés s’improvise. Où la prostitution devient souvent le seul moyen pour une femme, pour Hope, de survivre, et de continuer, plus loin, vers un autre recoin d'Afrique, hanté de misère et de malheurs. Imagine-t-on les difficultés, depuis l’Europe, les souffrances et l’abnégation qui jalonnent les chemins de l’exil ? Imaginons-nous, depuis le confort de nos canapés, ce que ces hommes et ces femmes affrontent dans un voyage sans autre certitude que l’angoisse et la peur ? Qu’endurerions-nous, occidentaux, si la guerre nous déplaçait ainsi à travers l’inconnu ?


Si Hope ne nous aide pas à mieux comprendre les innombrables raisons qui poussent ces populations à quitter des pays où ils auraient certainement préféré rester, il nous éclaire sur ce transit entre deux mondes. Entre ce qu’ils laissent et ce qu’ils espèrent trouver, là où les hommes errent, les parcours sont les mêmes : sur la route, les migrants suivent le chemin de ceux qui les ont précédés depuis des années, et trouvent abri dans des ghettos tenus par des réseaux de passeurs sans scrupule. Le coût du voyage reste imprévisible tant chaque intermédiaire fixe ses prix selon son humeur et l’apparente richesse ou non du migrant. Ces migrants qui s’arrêtent à Calais avec l’espoir de l’Angleterre ont, en moyenne, déjà passé deux ans et demi sur la route depuis leur départ. Parfois moins, souvent plus. Une bonne partie dans ces déserts de l’Afrique saharienne, un long moment avant de s’embarquer sur une embarcation fragile et surchargée. Dans cet entre-deux où ces migrants passent, Hope rapproche leurs préoccupations et leurs espoirs des nôtres, et nous les donne à voir comme ce qu’ils sont avant d’être ces hommes en transit, des frères d’humanité.


      Matthieu Marsan-Bacheré
Matthieu_Marsan-Bach
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le 23 juil. 2015

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