Malgré les bombes et la folie des hommes, John Boorman se projette dans le regard d’un enfant qui ne prend pas tout ça au sérieux, on ne lui donne pas tort.., tellement occupé à dresser son armée de soldat de plomb et à reluquer les filles.


Prenant le contre-pied du sérieux de la chose, il choisit la voix d’un burlesque teinté de moments chaleureux, alimentant la nostalgie de ces instants où l’émotion prend le pas sur la gravité. Une maison détruite par les flammes devient un futur lieu où l’on peut venir finir le travail en bande et reluquer les culottes de Mary-Lou. Après tout, les bombes les ont affranchis de la discipline scolaire. La musicalité des staccatos des armes lourdes et les teintes que prend la nuit enflammée, sont autant d’agréments prompts à alimenter les doux fantasmes d’une nouvelle légende Arthurienne.


L’auteur d’Excalibur dresse le portrait d’une galerie de personnages picaresques dans l’Angleterre de la guerre avec justesse, délicatesse, mais également suffisamment de recul et une lointaine ironie sciant parfaitement à cette ambiance de lente agonie, au final il ne reste que la nostalgie de l’insouciance.


John Boorman retourne dans son Angleterre natale et retrouve le scénariste Peter Nichols qu’il avait déjà adapté sur son tout premier film, Catch Us If You Can – rien à voir avec le futur Spielberg – pour une œuvre drôle et nostalgique remarquablement bien interprétée. Car en plus d’un grand esthète naturaliste, Boorman est un excellent directeur d’interprètes.


Vu sous le prisme de l’insouciance, le film n’en oublie malgré tout jamais d’égratigner la bien-pensance et les bonnes pratiques de l’éducation anglaise, en n’oubliant pas d’en montrer ses travers : la couardise, la dénonciation, le cocufiage, … et l’illusion de la droiture et de l’exemplarité en des temps difficiles. Plus d’un demi-siècle plus tard, rien n’a changé.

philippequevillart
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de John Boorman

Créée

le 19 mars 2020

Critique lue 427 fois

6 j'aime

2 commentaires

Critique lue 427 fois

6
2

D'autres avis sur Hope and Glory (La Guerre à 7 ans)

Hope and Glory (La Guerre à 7 ans)
Gand-Alf
8

War.

Cinéaste fascinant à la filmographie baroque et fiévreuse, John Boorman entamait ici un virage plus classique, plus posé, avec "Hope and glory", oeuvre jumelle du "Empire du soleil" de Spielberg bien...

le 25 janv. 2013

10 j'aime

3

Hope and Glory (La Guerre à 7 ans)
Heurt
8

Vivre dans la mort

Tout est en équilibre dans ce film, John Boorman sur un fond dramatique (celui de la seconde guerre mondiale) arrive à rendre ses personnages profondément vivants. Il alterne entre les conséquences...

le 4 juin 2023

7 j'aime

Du même critique

La Chienne
philippequevillart
8

L'ange et la mort

Dans La Chienne, second film parlant de Jean Renoir, c’est surtout quand les voix se taisent et que l’image reprend naturellement ses droits que le lyrisme dramatique s’impose pour offrir de grands...

le 31 janv. 2023

19 j'aime

2

L'assassin habite au 21
philippequevillart
8

Meurtre oblige

Première incursion de Clouzot dans un genre auquel il donna ses plus belles lettres de noblesse, en l’occurrence le thriller à la Hitchcock. Pour se faire il adopte un style emprunt à la Screwball...

le 21 avr. 2020

18 j'aime

8

Joker
philippequevillart
6

Autant de clown clinquant

C’est auréolé d’une récompense à la Mostra de Venise et d’une pluie de critiques dithyrambiques annonçant un classique instantané et une performance d’acteur de la part de Joaquin Phoenix emprunte...

le 9 oct. 2019

18 j'aime

5