En exergue du film, les auteurs indiquent que les faits authentiques qu'il racontent sont comme la transposition moderne de la pièce de Corneille, "Horace", relatant le conflit entre les Horaces et les Curiaces. Soit.
Il est vrai que que la lutte à mort entre deux clans corses de Paris, motivée par la tradition de la vendetta, prend une tournure tragique, conformément à l'écriture volontiers discursive et parfois emphatique du film. Entre les Fabiani et les Colonna, c'est à qui aura le dernier mot dans une affaire lointaine mineure, dont le réalisateur André Versini et le dialoguiste René Fallet dénoncent les proportions aussi stupides -l'orgueil corse- que meurtrières.
Ce polar n'est pas une réussite, avec ses faux corses joués par Aznavour, Pellegrin, Trintignant ou par des acteurs italiens. On discute beaucoup et on enfonce des portes ouvertes, on multiplie les clichés régionalistes, et la dramatisation repose sur un schéma un peu facile.
Ils sont trois frères, dans chacun des deux clans, qui s'apprêtent à défendre l'honneur de la famille, y compris, dans ce que l'on devine comme le face à face final, deux jeunes hommes, amis et éloignés des contingences de la vendetta de leurs familles respectives. Le règlement de comptes, dans la dernière partie du film et dans un Paris nocturne où les uns et les autres se traquent jusqu'au petit matin, a incontestablement un côté insolite mais une portée dramatique faible, faute de personnages intéressants. Le cas de figure reste assez théorique et, quoiqu'émanant de faits réels, les Fabiani et les Colonna manquent de vérité et ...d'intensité tragique.